Lettre de Henri Desgrées du Loû à son fils Emmanuel - 25/09/1890 [correspondance]

Publié le par Henri Desgrées du Loû (1833-1921)

[publié le 10/01/2022]

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[transcription]

Nogent le 25 Septembre 1890.

 

Mon cher enfant, ta maman vient de partir pour Montjay il y a une heure, et moi je ne partirai de Nogent avec les enfants que Samedi matin. Voici l'explication de cette séparation. Geoffroy, comme tu le sais va à Saumur; il vient de faire ses emballages et de mettre ses meubles en route. Pour le moment, il est donc chez sa tante avec sa femme sa fille et la ?????? d’icelle. Robert est ici depuis quelques jours et devrait accompagner sa mère à Montjay Tout cela aurait fait trop de monde, et j'ai retardé mon départ jusqu'à Samedi. J'arriverai samedi soir et Geoffroy partira Dimanche. Enfin, pour en finir, nous mettrons tous en route Jeudi 2 Oct. pour être à Vannes Vendredi matin. Règle-toi là-dessus si tu veux que je reçoive sans retard la lettre que tu me dois. Et bien, que dis-tu de Nigotte, je veux dire Xavier? J'ai eu une vraie joie, tu le comprends à trouver son nom sur ce diable d'officiel muet jusqu'au 18. Au moment de lui écrire, j'étais allé encore une fois à Montbard à l'hôtel de ville consulter les 4 derniers numéros. Le dernier était sur le bureau et venait d'arriver. Je lis le sommaire: Proposition d'office inscription d'office au tableau d'avancement (infanterie). Je cherche la page indiquée; elle n'était pas coupée. Quand j'y pense, je suis encore tout frémissant. Et maintenant, il nous faut patienter probablement jusqu'en Juillet. Si rien ne vient se mettre en travers d'ici là, ce sera un brillant avancement et une carrière enlevée. Seulement, il nous faut de la santé et j'attends impatiemment la lettre qui doit m'arriver ces jours-ci. Je t'écrirai dès que je l'aurai reçue. Je te remercie de la lettre adressée à Marie. Elle vient grossir mon stock. Il y a dans la lettre de Xavier la matière d’un volume intéressant, il me semble même qu’il y aurait quel peu à changer. Il est vrai que je suis mauvais juge est trop intéressé. J'ai relu et compris la fameuse histoire des buffles. Elle n'est pas si bête qu'elle en avait l'air et j'ai pu relire des mots qui nous avaient échappés. Grâce à cette correspondance, j'ai passé beaucoup de temps au Tonkin avec Xavier depuis six semaines et beaucoup plus agréablement qu'on ne s'en doute autour de moi. C'est étonnant comme on peut avoir une vie active intérieurement. Quand tu seras à [bord?], il te faudra employer les moyens qui me réussissent. Tu n'auras jamais de compagnon plus taciturne que mon b. frère. Depuis mes lectures dans Veuillot, j'ai lu un ouvrage de longue haleine 5 volumes compacts: Mémoires sur Madame de Sévigné et son époque par Walckenaer 1845. C'est extrêmement intéressant quoique peu édifiant; point embelli, point enlaidi. On serait plutôt porté à excuser… sans les principes, mais les principes avant tout! Quelle cour! et quels drôles de gens! Il faudrait conjointement avec ses volumes lire les lettres qui ont évidemment besoin d'une clef. Tel passage des lettres est passe tout à fait inaperçu quand on ne connaît pas les personnages et devient d’un amusant achevé quand on sait leur histoire. Robert est parti tout à l'heure avec ta maman. Nous avons ici depuis q.q. jours Melle de [Salaberny?] qui part tout à l'heure et deux jeunes de Saint [??ine] amis de Jacques. Jacques va à la rue des Portes les uns disent pour St Cyr, les autres pour Polytechnique. Ici nous ne sommes pas aperçus des désastres du midi. Nous avons eu un assez fort orage, et puis ç’a été tout. Adieu, mon cher enfant, et bonne chance à tes examens. J'espère que tu ne seras pas sec. C'est encore sous l'égide de St François le 4 que tu vas les passer. Tu seras chaudement recommandé. Je t'embrasse. 

 

Henri. 

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