Lettre d'Emmanuel Desgrées du Loû à son père Henri - 27/04/1887 [correspondance]

Publié le par Emmanuel Desgrées du Loû (1867-1933)

[publié le 21/03/2021]

[lettre précédente]

[retranscription]

Mercredi 27 Avril 1887

Mon cher papa, je me suis aperçu trop tard que j'avais commis une indiscrétion en écrivant à mon oncle Louis; la lettre était partie. L'idée de m'adresser à lui m’était venue dans un moment où je ne savais trop quel moyen employer pour me tirer d'embarras. Il est d'ailleurs facile de voir au ton de la lettre que j'étais très préoccupé et porté à exagérer un peu tout. Il est douteux en effet qu'on puisse rayer les inscriptions d'un étudiant à cause d'un billet [protesté?]. 

Quoi qu'il en soit, je vous réponds immédiatement au sujet du billet de 50 fr. dont vous me demandez l'explication. Je l'avais souscrit au chemisier Margalé, mais j'ai été le trouver ces jours ci et, j'ai su qu'il ne le mettrait pas en circulation. Celui-ci d'ailleurs attendra encore, je l'espère et sans trop se faire prier. Il m'a dit qu'il m'enverrait la note ces jours-ci et je pourrai vous en donner connaissance. 

Ce qui me désole et qui me montre que je n'ai pas été très honnête l'année dernière, c'est une lettre que je viens de recevoir d'un brave homme d'épicier auquel la concurrence franc maçonne fait du mal et qui l'année dernière m'avait ouvert un compte. Il est gêné et voudrait être payé. Je lui réponds que vous serez averti et que je ferai tout mon possible pour qu'il soit prochainement satisfait. C'est lui le premier qu'il faudra payer après l'Université. 

Je vais être obligé de faire attendre aussi le secrétaire de la Faculté de Droit, car j'étais déjà en retard pour mes inscription. Le registre était fermé depuis un jours. Néanmoins on m'a permis d’antidater, mais j’ai du payer les droits en bonnes paroles.

Voilà, mon cher papa, ma bien triste correspondance pour vous et pour moi et j'enrage quand je songe que je n'aurais pu vous l'épargner en me conduisant comme il faut. Encore une fois je vous en demande pardon. 

J'ai lu votre lettre avec attention et elle m'a touché jusqu'aux larmes. Je suivrai les recommandations que vous me donnez. Je commence à savoir par expérience qu'en dehors de la religion il est au-dessus de nos forces de rester honnêtes gens. Soyez donc tranquille de ce côté. 

Et puis le travail m'absorbe. Le cours de Droit maritime a commencé avant-hier et Vaublanc et moi nous sommes nous en sommes très contents. C'est plutôt une conférence qu'un cours et je crois qu’à la fin de l’année nous saurons bien notre affaire.

Tous les Vendredis le P. Poulain nous prendra Vaublanc et moi et nous donnera la répétition d'arithmétique dont je vous parlais. 

Ainsi donc, tout est bien organisé. Les cours vont s'arrêter Lundi et Mardi prochain à cause du Congrès, que vous savez. Vous aurez probablement de nos nouvelles par l'Univers, car il va envoyer l'ami Pierre Veuillot. Je suis curieux de voir sa tête. Dimanche matin Mgr Freppel et Mardi M. de Mun. Ce ne sera pas long, mais cela n'en vaudra que mieux. 

Au revoir, mon cher papa. Je vais apprendre ce que c'est qu'un conseil d'arrondissement. Croyez bien que maintenant, je ne perd plus mon temps et que je me conduis comme vous le désirez. Je vous embrasse de tout cœur. 

Votre fils 

Emmanuel

Avez vous des nouvelles de Xavier?

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