Lettre de Henri Desgrées du Loû à sa bru Jeanne Hamonno - 08/11/1893 [correspondance]

[publié le 12/01/2024]

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[transcription]

Vannes le 8 Novembre 1893.

Ma chère Jeanne, il y a longtemps il me semble que je vous dois une lettre. Allant au plus pressé, j’ai voulu dire tout de suite à Emmanuel que je savais empêché de m’écrire combien j’avais été heureux de son procès du 22 Octobre, et depuis, en répondant à votre mère, je lui ai dit combien je félicitais Emmanuel pour son compte rendu de la journée. Je n’ai pas été seul à le trouver très bien et très au dessus de tout ce qu’on lit en ce genre. Ces jours-ci j’entends parler de vous et Rosette m’a lu hier un passage d’une lettre de vous où il est question des affaires qui se multiplient et de l’eau qui vient au moulin. Voilà encore qui n’est pas pour me faire de peine; je joins donc les félicitations aux félicitations et j’attends sans trop d’anxiété le congrès de St Brieuc où l’on m’assure qu’Emmanuel aura un rôle. Sera-ce un premier rôle, et peut-on savoir dès à présent quel sujet il traitera? Puis, je ne me trompe pas, n’est-il pas vrai, et bien que les journaux que les journaux n’en aient pas encore parlé, Mr de Mun va bien prononcer un nouveau discours à Brest le 20. Tout cela n’est pas fait pour vous laisser les bras croisés, et je gage qu’Emmanuel n’a déjà plus si bonne mine qu’aux beaux jours du cerf-volant. Il n’importe je viens de lire tout-à l’heure dans l’encyclique sur la condition des ouvriers cette parole dont s’inspire votre cher mari et que Léon XIII emprunte à St Grégoire le Grand: Quelqu’un a-t-il reçu le don de la parole, qu’il prenne garde de se taire. Mais j’allais oublier un témoignage qui a dû vous faire plaisir, celui de la Libre Parole reproduisant le tract d’Emmanuel. Quant à ce tract lui-même, je l’ai expédié à Xavier grâce au texte de la Bretagne dont vous m’avez donné communication dans une de vos lettres. Ce cher Xavier vient de m’envoyer son portrait; comme il y en a trois exemplaires, je vous en enverrai un, mais je vous préviens qu’il est fort laid. Il est en pied et regarde le ciel d’un air menaçant. Son képi lui fait une tête énorme et que je trouve trop grosse pour sa taille. Il y a peut-être là un jeu d’optique, dont les photographes amateurs devraient se défier, dans l’intérêt de leurs clients. Dans sa dernière lettre, Xavier insiste sur son excellent état de santé. C’était la bonne saison qui s’ouvrait quand il m’écrivait, et il exprimait l’espoir d’arriver à bon port au terme de son séjour là bas. Ici, rue de Séné particulièrement les choses ne vont pas aussi bien. L’oncle Charles se voit repris de ses [excoriations?] aux jambes qui l’empêchent de circuler à son gré et son estomac ne lui permet pas depuis quelque temps de manger autant qu’il faudrait pour se soutenir. Cet état serait inquiétant s’il se prolongeait et ta tante Rosette en est justement préoccupée. Ce temps de canard n’a pas rendu belles couleurs à la pauvre Marthe. Nous allons les avoir tous demain autour d’un cuissot de chevreuil qui nous vient d’une de nos chasses. Hier nous partagions un faisan avec les St Georges Nous rentrerons ensuite dans la paix, et nous serons tous recueillis dans l’attente des échos de St Brieuc. Nous avons eu les [Baveil?] pendant deux jours et je me suis aperçu à ce moment que vous ne m’avez rien dit de votre station à Quimper. On nous a écrit depuis que Marie avait été heureuse de vous recevoir. Avez-vous été voir les du Cosquer? Adieu, ma chère Jeanne. Je ne vous dis rien pour votre b. mère qui va vous écrire. 

Je vous embrasse de tout mon cœur Emmanuel et vous. Ne m’oubliez pas près des vôtres. Mme Trochu a-t-elle été contente du pain noir. Pour le faire passer j’y avais joint un morceau de beurre de [Bolloré?]. Adieu et écrivez moi quand vous pourrez

Henri

Les nouvelles de [Pierre?] sont excellentes comme notes et comme ???és. Il est souvent question de vous dans les lettres qui nous en viennent. Aujourd’hui, ils sont tous les deux à Meaux chez Robert.

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