Lettre de Henri Desgrées du Loû à son fils Emmanuel - 08/11/1891 [correspondance]

Publié le par Henri Desgrées du Loû (1833-1921)

[publié le 25/06/2022]

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[transcription]

Vannes le 8 novembre 1891

Mon cher enfant, il ne me reste plus beaucoup de lettres à t'écrire avant d'aller à Brest. Je viens te rappeler ce que je t'ai demandé, de me donner l'adresse d'un hôtel qui ne soit pas trop éloigné de la rue de la Rampe et dont les prix soient à notre mesure. Autant que possible un hôtel dont l'omnibus soit à la Gare. Madame Hamonno a fait près de ta maman de très aimables instances pour que nous [vinssions?] un peu plus tôt à Brest, mais tout concourt à retarder notre départ à la dernière heure; le Dimanche, l'arrivée de Robert et l’incertitude du jour où les enfants passeront l’oral; je veux espérer qu’ils seront admissibles à l’écrit. Il est probable que j’arriverai vers midi l’heure, le lundi, partant d’ici à 6h du matin. Ta maman viendra un peu plus tard, par le train de 5h je pense. Sais-tu à quelle heure aura lieu le mariage civil et à quelle heure aura lieu le dîner? Dis-moi aussi cela. Tu ne perdras pas non plus de vue que les dispositions prises par Marie en votre faveur ont singulièrement facilité les dépenses qu’entraînait ton mariage. Il ne sera pas mauvais de l’en remercier et je regrette que vous ne puissiez pas aller la voir après votre mariage; il est vrai que vous ne pouvez guère aller à St Brieuc sans faire la tournée de famille complète et ce n’est pas possible en ce moment surtout si l’on tient compte de la température. Ce sera pour plus tard; en attendant, une lettre de toi sera bien accueillie et c'est peut-être fait déjà. Enfin, puisque nous approchons du grand jour, laisse-moi te rappeler ce que décrit St Paul de son temps, que le mariage est un grand sacrement; malheureusement, lorsque tout nous porte au recueillement pour les autres, pour celui-ci, tout tend à nous dissiper, et c'est souvent sans y songer qu’on le reçoit; de là, des unions que Dieu ne bénit pas. Il n'en sera pas de même de la vôtre. Tu ne perdras pas de vue, et Jeanne ne perdra pas de vue le côté spirituel et divin du grand acte qui se prépare; il me semble que votre bonheur est complet et que votre reconnaissance envers Dieu doit être sans borne. De là à vous consacrer à lui, il n'y a qu'un pas: vous consacrer à lui, c'est-à-dire avoir la volonté de fonder une famille chrétienne avec ses traditions, ses usages alors même que pour cela il faudrait froisser quelque peu ceux du monde. La foi peut s’affaiblir lire à certaines époques de l'histoire, mais elle ne périra point. Or il n’ y a à compter devant Dieu que les familles qui auront ??? en auront conservé l’étincelle sacrée. Ces traditions, j'ai essayé de les faire revivre suivant en cela les exemples de ton grand’père, et je te demande de les transmettre à ton tour à ceux que le Bon Dieu te donnera. Fais-le et tu seras béni; heureux ou malheureux tu sentiras toujours près de toi la main Divine, cette main sur laquelle il fait toujours si bon s'appuyer et sans laquelle le monde est vide. 

Je vais vous adresser le cadeau de ton oncle Henri; je crois t’en avoir déjà parlé. La queue de l'oiseau est dans le fond de la coupe. Il me demande de vous le porter, mais qu’en feriez-vous au moment de partir? Il faudra bien encore une petite lettre de Jeanne. Pauvre petite Jeanne! je pense bien à elle aussi et je prie bien pour elle. Que ne puis-je vous assurer à l’un ou à l’autre le bonheur que je vous désire! Je viens de voir les [Bugard?] et suis chargé de tous leurs compliments pour toi. J’ai aussi été à l’évêché mais n’ai trouvé personne. J’ai laissé ma carte avec un mot. [Septans?] que j’ai rencontré parle d’aller à Toulon; il trouve notre climat trop froid. C’est [Bugard?] qui ne sera pas content! Marnier a un fils depuis huit jours. Adieu, mon cher enfant, n’oublie pas les renseignements que je te demande. Je t’embrasse.

Henri

 

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