Lettre d'Emmanuel Desgrées du Loû à Jean des Cognets - 09/04/1930 [correspondance JdC]

Publié le par Emmanuel Desgrées du Loû (1867-1933)

[publié le 06/04/2022]

[extrait de L'histoire au jour le jour de la rupture avec l'abbé Trochu,

d'Emmanuel Desgrées du Loû (arrière petit fils)]

[lettre précédente]

[transcription]

9 avril 1930

Mon cher Jean,

Tu ne seras pas content (moi non plus !).

Mais ce que je craignais est arrivé.

Voulant  en avoir le cœur net, j’ai téléphoné tout à l’heure à notre ami Antoine Chevalier, à Lannion, et je lui ai posé la question en termes assez nets, cette fois, pour avoir une réponse non moins nette.
Pour l'inscription de Le Cozannet à notre groupe, rien à faire jusqu'à 1932. Entre nos camarades et lui, il avait été convenu, dès le commencement de la campagne, qu’il ne s’inscrirait à aucun groupe politique, mais à celui des indépendants qui comprend des députés d'opinion diverses, depuis Sabioni , socialiste,  communiste jusqu'à X en passant par Desgranges. En conformité de cette décision, Le Cozannet, dans les réunions où on lui posait cette question a répondu dans ce sens.
Dès lors, il est lié par ses engagements publics. Et nos camarades du groupe de Lannion considèrent, du point de vue de 1932, qu'en définitive, la prudence leur conseillait de faire ce qu’ils ont fait.

C'est évidemment assez ennuyeux pour nous. Mais on ne fait pas de politique et on ne prépare pas l'avenir avec des illusions perdues. Il nous reste à tirer le meilleur parti d'une victoire dont nous devons être, si nous manœuvrons comme il faut, les bons marchands. À noter, à l’actif de Le Cozannet, qu'au début de la campagne, X lui suggéra de signer l'engagement au groupe marin et qu'il s'y refusa. Or au lendemain du ballotage, Queinnec, le collègue de Paul Simon, est venu à Lannion lui renouveler les mêmes propositions et il a de nouveau refusé de marcher.

Dès lors, ce que nous avons de mieux à faire, c'est, à la Chambre, de nous emparer de lui et, avec le concours de l'abbé Desgranges pour qui il professe admiration et vénération, d’en faire, si je puis dire, un démocrate populaire extra muros. De leur côté nos amis de la circonscription, à qui il devra sans succès, particulièrement Chevalier, son beau-frère, le maintiendront dans l’esprit du parti et, s’il est réélu en 1932, il pourra, étant dégagé des contingences de 1930, adhérer au parti.

Sur quoi je me sauve au journal et je t'embrasse

Emmanuel

[lettre suivante]

 

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