Lettre de Henri Desgrées du Loû à son fils Emmanuel - 22/06/1884 [correspondance]

Publié le par Henri Desgrées du Loû (1833-1921)

[publié le 28/04/2020]

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[retranscription]

Conlo le 22 Juin 1884.

 

Mon cher enfant, je me suis empressé de faire la commission. Cela m'a procuré l'occasion de faire une politesse au P. Marquet auquel j'ai écrit à ce sujet. J'ai même fait plus; pendant que j'étais en verve, j'ai écrit au supérieur actuel de Redon qui est mon ancien condisciple, et je ne doute pas qu'il me soit reconnaissant de ce bon procédé. Je pense que toi-même, tu ne manqueras pas de tirer parti de ces renseignements. Je vois bien que tu es déjà avec Aristote dans la plus douce intimité, mais tu ne voudras pas négliger non plus l’optique, et tu vas même t’y adonner presque tout entier. Je vais de mon côté m’occuper des pièces à fournir. Dans ta prochaine lettre envoie-moi le libellé de la demande à faire, et de la somme à verser. Pendant que j’ai ta lettre sous les yeux, je te rappelle que débarrasser prend deux R. et que la 2ème personne de l’imp. De la 1ère conj.on ne prend pas d’s. On écrit aime et non aimes, à moins qu’il n’y ait le mot une voyelle eu ou y. Auquel cas, l’s. est purement euphonique. éveilles-en les échos -. Enfin, on dit sur tous les tons et non sur tous les temps. Ta maman est aujourd’hui à Nantes, où elle passe la journée avec Geoffroy. Cette absence d’un jour est pour nous presqu’un événement. Elle reviendra demain matin, et croisera à Redon toute la famille de ton oncle Auguste qui part pour le mont [Don?], Vichy et Vittel. Ta tante séjournera dans ces deux stations, et ton oncle ira faire pour son compte une saison à Vittel (Vita tellus). Ce ne sera pas le seul départ; dans deux ou trois jours, Marie va aller passer la fin du mois à la Touraille chez nos parents de Bellevue, mais je n’insiste pas; je sais qu’elle t’écrit et t’entretiendra de cette agréable perspective. Elle est venue me demander tout-à-l’heure si j’allais te décrire les funérailles de Mgr Ridel, d’où je conclus qu’elle va t’en faire un récit détaillé et pompeux. Je me réserverai pour le service et l’oraison funèbre. Je me bornerai à te faire remarquer que Mgr Ridel n’avait que 53 ans, qu’il était paralysé, horriblement cassé, blanchi, etc. et qu’il avait gagné tout cela en peu d’années, malgré une forte constitution au service d’un maître qui n’oublie pas les siens. C’est dans les rangs du clergé, et en particulier des missionnaires que se retrouvent toujours et dans une forte proportion les dévouements obscurs et désintéressés devenus si rares de nos jours. Je n’ai pas entendu dire que St G. passât son examen hors tour? Si c’est son oncle qui l’a dit à Marie, il est probable qu’il s’est trompé. Marguerite est assez bien pour le moment, et Félix est depuis 8 jours à Plombières. Je ne pense pas que Marie parte avant mercredi pour la Touraille. Je t’engage cependant à m’adresser sa lettre que je lui renverrai si elle n’est plus ici. Adieu, mon cher enfant, je regarde la pendule et vois que je n’ai pas le temps de faire un second tour de [camier?]. Je t’embrasse bien tendrement en attendant de tes nouvelles.

Henri

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