Le mensonge du Front populaire [François Desgrées du Loû - 11/10/1936 - Le Ploërmelais]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 20/02/2023]

[article précédent - La leçon des faits]

[Le Ploërmelais 11/10/1936 - p.1 - transcription]

LE MENSONGE

DU FRONT POPULAIRE

-------

Dans quelque pays qu’il s’agisse, le Front populaire tend à réduire progressivement les libertés dont il se dit le défenseur, jusqu’au jour où la partialité des uns et où la faiblesse des autres déterminent la guerre civile. Et un mensonge est à l’origine de ces maux: mensonge du parti communiste qui prend des apparences républicaines pour accomplir son œuvre maudite; mensonge d’un scrutin inique dont le résultat, presque constant, est d’assurer à une minorité réelle la majorité légale.

En Espagne, il en est ainsi. Quand le “Fronte popular” remporte la victoire aux dernières élections, il la devait au jeu d’une loi mal faite. On a maintes fois rappelé que les droites espagnoles, devenues la minorité aux Cortès, avaient obtenu un chiffre de voix sensiblement supérieur à celui des partis de gauche, devenus la majorité. Malgré cette évidence, les politiciens d’extrême-gauche se sont prétendus investis du pouvoir par la confiance populaire. Forts de cette allégation mensongère, ils ont multiplié les brimades et les vexations à l’égard de ceux qui représentaient pourtant la moitié de l’Espagne. Le désordre n’a fait que croître, et si, comme nous l’espérons, le calme revient un jour au-delà des Pyrénées avec la victoire des nationaux, ce malheureux pays aura connu auparavant des semaines et des mois de guerre civile - et d’une guerre civile dont les scènes atroces font trembler pour la civilisation.

Ainsi finit, dans l’anarchie et, ce qui est plus grave encore, sans honneur, un gouvernement de lutte de classes.

Les traditions françaises de bon sens et de liberté ne se prêtent pas à de telles expériences. Mais pourquoi nier le péril? A Paris comme à Madrid, on sent la menace de certaines influences étrangères. A Paris comme à Madrid, un gouvernement de parti, s’autorise d’un mensonge pour régner sans partage. Et le mensonge est le même. Écoutez Blum, écoutez Thorez, écoutez même les radicaux, trop souvent prêts à céder sur l’essentiel pour sauver l’accessoire: ils disent, ils affirment, ils répètent qu’en mai dernier la France s’est prononcée, et qu’elle a voté “Front populaire”. Alors qu'ils connaissent les chiffres, alors qu'ils savent que les résultats des derniers scrutins ont attribué - toujours par le jeu de la loi - la majorité parlementaire à des hommes qui ne représentent pas la moitié de la nation, ils s'identifient avec le pays, lui-même et traitent leurs adversaires comme des malfaiteurs. 

On voit que cette théorie permet de justifier: il n'y a plus, désormais, de “factieux” que d'un côté de la barricade; le destin de la République est volontairement confondu avec celui d'une majorité fragile, tour à tour passive et violente. Enfin les communistes pressés de faire oublier qu'ils sont au service d'une nation étrangère, vont jusqu'à unir la cause du Front rouge… à celle de la patrie. On ose à peine rappeler, dans un journal patriote, cette mystification blasphématoire. 

Quelles que soient les réponses du gouvernement aux attaques de l'opposition, nous ne pouvons imaginer d'excuse valable à l'attitude partisane et sectaire de l'extrême gauche. Ce n'est d'ailleurs pas dans la doctrine tyrannique et inhumaine des collectivistes que le peuple, le vrai peuple de France, trouverait des raisons d'espérer l’amélioration de son sort. Seule l'union dans l'esprit de justice permettra de résoudre les questions sociales. Et nous ne cesserons de protester contre le mensonge du Front populaire, qui se dit le peuple et qui ne l'est pas. Entre la République française et le gouvernement, à plus forte raison entre le pays et les gauches, il y a une différence essentielle, que les tristes résultats de l'expérience socialiste permettent de mieux saisir. C'est avec notre foi, l'amour de la France et de ses libertés qui nous opposent irréductiblement à la dictature rouge. 

François DESGREES DU LOU.

[article suivant - Contre le drapeau rouge]

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article