Un acte [François Desgrées du Loû - 06/08/1939 - Le Ploërmelais]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 03/04/2024]

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[Le Ploërmelais - 06/08/1939 - p.1 - transcription]

UN ACTE

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par François DESGREES DU LOU.

Pour la première fois, un effort sérieux, un effort d'ensemble, vient d'être accompli en faveur de la famille française. 

Les récents décrets-lois viennent nous prouver que le gouvernement négligeant les petites polémiques et les petits intérêts qui jusqu'alors s'étaient opposés victorieusement à tous les essais de réforme, poursuit coûte que coûte son œuvre de redressement. Le changement qui s'est produit depuis 1936 est d'autant plus surprenant, à première vue, que les hommes au pouvoir ont déjà, pour la plupart, figuré dans des ministères dont l'esprit n'avait rien de commun avec celui qui les anime aujourd'hui. 

Nous assistons à l'un de ces retours étranges - et combien heureux pour le pays! - de la vie politique française. Jusqu'au jour où nous avons pris conscience du péril extérieur et des menaces de décadence que, depuis des années, des observateurs clairvoyants signalaient aux chefs responsables, les milieux dirigeants ont paru s'intéresser moins à la vraie et saine politique, celle qui s'attaque au problème sociaux et moraux, qu’à la petite politique, celle des “politiciens”, faites de manœuvres, de démagogie et d'incapacité. M. Hitler aura rendu à nos compatriotes un bien grand service: après un réveil brutal, les Français, toujours prompts à se reprendre, ont compris de quoi il s'agissait, et se sont trouvés dans les dispositions d'esprit nécessaires pour accepter un régime d'autorité. C'est à cela, et aux incessantes campagnes des groupements qui depuis des années travaillent à relever le moral du pays, que l'on doit l’heureuse modification apportée à nos lois. 

Il y a trois ans, le Front populaire régnait. Aujourd'hui, sans avoir procédé à de nouvelles élections, le gouvernement rénove notre législation familiale, successorale et paysanne dans un esprit qui s'oppose par bien des traits à l'esprit “front populaire”, et, malgré cela, la presse la plus hostile ose à peine émettre des critiques. On sent que la mauvaise humeur des adversaires de cette réforme ne s'accorde pas avec les sentiments profonds de la population de chez nous. 

C'est que les décrets Daladier-Reynaud forment un ensemble cohérent et solide. Qu’il s'agisse de la répression des manœuvres contre la natalité; de l'encouragement aux familles nombreuses et des justes dégrèvements dont celles-ci bénéficient en matière d’emplois successoraux, de la lutte contre l’alcoolisme ou de l’aide qu’apportent à la paysannerie, si longtemps et si injustement négligés, ces décrets, sur le prêt au mariage et le contrat de salaire différé, chaque mesure a une portée qui renforce la portée des autres et en favorise la réussite.

Deux décisions, sans doute, seraient plus vivement discutées: les facilités accordées aux poursuites contre les publications immorales, et, sur un tout autre plan, la prorogation de la chambre des députés. Ces “actes” du gouvernement ne sont cependant pas les moins heureux: il n'est pas un citoyen de bon sens qui puisse contester les inconvénients d'une campagne électorale dans l'état d'incertitude où les essais d'intimidation de l'Allemagne ont plongé l'Europe. Qu'il n'y ait pas d'élection en 1940, les électeurs s'en moquent. Nous avons besoin de calme et d'union.

Quant à la lutte contre l'immoralité, seuls s’en plaindront les écrivains et éditeurs qui trouvent dans la fange une source de profit, et les naïfs qui croient acquérir une réputation d'esprits libres en défendant au nom de l'Art ou de la Littérature des individus qui ne font honneur ni à l'un, ni à l'autre. Si l'on admet, en effet, qu'il existe une morale et un sentiment de l'honneur, on doit admettre la répression des entreprises malsaines qui risquent d'avilir le pays et de le discréditer. 

Désormais, les paysans, les familles nombreuses, les citoyens de toutes classes qui représentent, pour le présent et pour l'avenir, l'un des éléments essentiels de la valeur française, cesseront d'être en état d'infériorité légale ou sociale. Ces actes donnent à MM. Daladier et Reynaud, le droit de parler hautement de la renaissance nationale, et d'envisager avec une confiance accrue les épreuves que l'avenir peut nous réserver. L'histoire prouve, sans doute, que les lois les mieux faites ne suffisent pas à conjurer une décadence; mais la France est restée, au fond, un pays sain, auquel il faut surtout rendre confiance et courage, et il n'est pas douteux que, dans tous les domaines, le gouvernement y contribue pour une très large part. Autrement dit, il gouverne, et c'est bien là ce qu'on attendait de lui... 

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