Les forces d'ordre [François Desgrées du Loû - 02/04/1939 - Le Ploërmelais]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 16/02/2024]

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Hitler au château de Prague

[Le Ploërmelais - 02/04/1939 - p.1 - transcription]

LES FORCES D’ORDRE

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Si la France et l’Angleterre ont pu être accusées de faiblesse, l’annexion de la Bohême et de la Moravie par l’Allemagne, six mois après l’accord de Munich, a du moins dissipé les dernières illusions des hommes de bonne foi. Pour l'Allemagne, il ne s'agit plus de secourir des frères opprimés, mais de conquérir un “espace vital”, et toutes les nations voisines du Reich peuvent se demander avec quelque inquiétude si un nouvel “espace vital” n'englobe pas leur territoire.. 

A ce point de vue, n'hésitons pas à le dire, le drame tchécoslovaque peut être pour l'Allemagne une source de désillusions. Ce n'est pas être stupidement optimiste, c'est constater un fait dont l'histoire offre maint exemple, que de voir dans certains succès l'origine de durs revers. Combien de nations, maintenant, peuvent méconnaître l'audace germanique? combien peuvent oublier que la France et l'Angleterre ont fait l'impossible pour créer une atmosphère d'apaisement? Tout leur indique la nécessité de s'opposer désormais aux tentatives de l'Allemagne, et de s'appuyer sur l'entente franco-anglaise. C'est donc bien de la confiance que leur inspirera la force de notre pays que dépendra le salut de l'Europe. Cette force existe et doit s'affirmer. 

L'un des signes les plus favorables est sans nul doute le redressement politique qui date de la rupture du Front Populaire. Quand les communistes se sont trouvés exclus de la majorité gouvernementale, quand la grève du 30 novembre a échoué, quand les débats parlementaires ont démontré l’impuissance de l’opposition d’extrême-gauche, quand M. Paul Reynaud a entrepris son œuvre d’assainissement financier, les adversaires de la France ont été privés de leurs premiers arguments. Nul ne peut maintenant représenter le gouvernement français comme le prisonnier d'une Internationale. Nul ne peut prendre l'anticommunisme pour prétexte d'une agression. C'est un fait d'importance capitale au moment où la Russie soviétique est appelée à préciser sa position dans la politique européenne, car on ne peut concevoir de collaboration avec cette puissance dangereuse que dans la limite des nécessités diplomatiques et militaires, et à condition que la propagande du Komintern soit durement réprimée dans les nations libres. 

Au redressement politique correspondent les progrès du réarmement. Là-dessus toute discussion devient inutile; le seul moyen d'éviter le pire est d'ailleurs d'accomplir dès maintenant l'effort que l'on devrait s'imposer si l'Europe était en guerre: les dépenses militaires priment toutes les autres. Quand M. Daladier a demandé les pleins pouvoirs, ses adversaires ont crié à la dictature. Il n'était pas de meilleure justification du vote de confiance qui est heureusement intervenu, car, en cette matière, c'était bien d'une dictature temporaire que la France avait besoin. Cette “dictature” est le prix des plus légitimes libertés. 

Rappelons-nous que la France dispose ainsi de l'unique moyen qui subsiste d'assurer à l'Europe et sans doute au monde entier la paix dans l'ordre et dans le respect de la bonne foi internationale. 

Notre pays ne désire que la paix fondée sur la justice - celle que demande, avec la force de la prière, le nouveau Pasteur des Chrétiens, S.S. Pie XII.

François Desgrées du Loû.

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