Les conférences catholiques [15/07/1893 - Le Courrier du Finistère]

[publié le 08/11/2023]

[comptes-rendus des conférences - Conférences catholiques - 11/07/1893 - La Croix]

[Le Courrier du Finistère - 15/07/1893 p.2 - source: site de la Bibliothèque numérique patrimoniale de Brest - transcription]

LES CONFÉRENCES CATHOLIQUES

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Le Comité catholique de Brest continue avec succès la série de ses conférences d'ouvrières. 

Samedi dernier, M. Emmanuel Desgrées du Lou, qui a déjà donné dans notre département de nombreuses conférences, en a fait encore une très intéressante dans la salle du Treillis-Vert. Il avait choisi pour sujet: La Révolution française et les droits du peuple. 

Cette conférence était en réalité une étude sérieuse et profonde qui prouve que l'orateur aime vraiment le peuple, a compris ses besoins et cherche à défendre ses droits. 

M. Desgrées du Lou n'a pas visé l'autre soir à un succès d'éloquence, il l'a eu par surcroît, mais son but était plus haut: il voulait surtout se faire bien comprendre, rendre clair un sujet aride et nous sommes heureux de reconnaître qu'il a réussi. 

Malgré le beau temps, qui engageait à la promenade, près de cinq cents auditeurs s'étaient rendus à cette réunion. 

A 8h. ¼, Me Francis Dubois, avocat, qui remplaçait M. le Président Coutance, ouvrait la séance et donnait la parole à M. Desgrées du Lou.

“Après quelques mots, témoignant de sa réelle sympathie pour l’ouvrier, M. Desgrées du Lou déclare qu’il n’est pas de ceux qui s’imaginent que la France est née en 1789. Mais tout en saluant les gloires du passé, il n’a garde de méconnaître les abus, les vices et les injustices de l’ancien régime.

“Après cet exposé il montre que la Révolution, qui a envoyé 3,000 hommes du peuple à l'échafaud, a fait banqueroute à ses promesses. Le peuple se plaint aujourd'hui comme avant la Révolution: tout le sang qu'elle a versé est devenu inutile. 

“Il y a 19 siècles il s'est fait une autre révolution; le christianisme prêché par des bateliers et des ouvriers sans instruction. 

“Cette révolution-là, après 3 siècles de persécution de la part de l'État païen, a triomphé. Avec elle, justice et liberté se sont levées sur le monde. 

“L'Église a supprimé l'esclavage, civilisé les barbares, organisé la société. Au moyen-âge, les congrégations donnaient l'instruction à 40,000 boursiers: il n'y en a que 6,000 aujourd'hui!

“A la doctrine révolutionnaire, nous opposons la doctrine catholique: Aimez-vous les uns les autres. Le riche doit donner aux pauvres son superflu. 

“La doctrine catholique si admirablement exposée par Léon XIII dans son encyclique aux ouvriers recommande:

“1° L'association professionnelle véritable personne morale, acquérant à titre de propriétaire non pas seulement des meubles, mais aussi des immeubles; s’administrant et se gouvernant elle-même. Avec elle on arriverait à réformer le suffrage universel par le système de la représentation des intérêts. 

“2° L'intervention de l'État partout où l'association serait impuissante à assurer le respect des droits des petits et des faibles. 

“Mais toutes ces réformes seront insuffisantes si l'on n'y fait pénétrer l'esprit chrétien, c'est-à-dire la charité et la JUSTICE. 

“Il faut aller à l’ouvrier. Les catholiques riches n’ont pas le droit de rester au coin du feu. Léon XIII leur ordonne d'employer leurs loisirs à l'étude de la question ouvrière et sociale.” 

Tel est le pâle résumé de la belle et chaude conférence de M. Desgrées du Lou, qui a été applaudi à chaque instant. La péroraison où il s'est engagé à consacrer son temps à l'ouvrier, a soulevé l'enthousiasme de l'auditoire, composé en majorité de travailleurs. 

Après quelques mots de M. Dubois et de M. l'abbé Hameury, la séance a été levée à 10 heures. 

[suite des comptes-rendus - La réunion de Landerneau - 28/10/1893 - Le Courrier du Finistère]