Lettre d'Emmanuel Desgrées du Loû à son père Henri - 09/06/1881 [correspondance]
[publié le 16/12/2018]
[retranscription]
Redon le 9 juin 1881
Mon cher papa
J’ai reçu votre lettre, et comme d’ordinaire elle m’a fait grand plaisir. Le Père Coupel m’a exempté de ce qui me restait à réciter de mes lignes, et je vais pour lui témoigner ma reconnaissance me mettre à travailler de toutes mes forces. Nous avons une narration ce soir j’espère la bien faire. J’ai oublié de vous dire la semaine dernière que j’avais été 22 en Mathématiques et 7 en Narration. La narration était très difficile c’était la séparation de Louis XVII et de sa mère (au Temple) J’espère que le sujet de la composition des prix m’ira mieux que celui-là. J’ai communié le saint jour de la Pentecôte et cela m’a fait beaucoup de bien.
La première communion approche de plus en plus. Notre division va avoir un très beau reposoir (car le jour de la première communion, il y a à ce qu’il paraît une procession dans l’intérieur du collège. Cette fête ne passera pas inaperçue pour moi, comme celle de l’ascension, car c’est le jour le plus beau que j’ai passé de ma vie.
Nous nous étions beigné [sic] le jour du ??? congé mais comme la température s’était considérablement refroidie on ne s’est pas beigné le lundi de la Pentecôte (il y avait promenade) et il est fort probable qu’on ne se beignera pas aujourd’hui. Je ne sais pas encore quand commencent les compositions des prix. - - - L’autre jour étant allé avec le Père Coupel chercher un Plutarque à la porterie je me disposais à sortir quand un prêtre escorté de 2 professeurs au collège est sorti dehors. Je n’y faisais pas attention et ils étaient déjà un peu loin quand le Père Coupel, plus perspicace que moi m’a demandé tout à coup “Mais, est-ce que ce n’est pas M. Le Clanche qui vient de sortir?” Alors j’ai bien regardé, et je me suis repenti en le reconnaissant de n’être pas allé le saluer; mais il était trop tard. Il passe donc définitivement devant le conseil académique de Rennes? Pauvre collège! Croyez vous qu’il soit fermé; je pense qu’on le laissera finir cette année. Voici la cloche qui sonne. Adieu cher papa. Bien des choses à Maman, Marie, Pierre, Henry et mes oncles et tantes. Comment va Henry?
Adieu encore une fois.
Votre fils qui vous aime et vous embrasse tous.
Emmanuel