Lettre d'Emmanuel Desgrées du Loû à son père Henri et commentaire de son professeur - 02/06/1881 [correspondance]

Publié le par Emmanuel Desgrées du Loû (1867-1933)

[publié le 10/12/2018]

[lettre précédente]

 

Jeudi 2 Juin 1881

 

Mon cher papa

 

Je vous écris à la première et à la dernière étude de la journée, car nous avons grande promenade. On part à 9 heures du matin et on revient à 9 heures du soir. C’est ce matin à 11h. ¾ que commencent les bains. On dîne en dehors du collège, à la campagne. Je crois qu’il va faire beau, quoique le temps soit un peu couvert. J’ai reçu votre lettre et celle de maman. Je vais m’efforcer de mettre en pratique et en action les conseils que vous me donnez. Pour le travail je me suis relevé; je fais bien mes devoirs et je sais mes leçons ou du moins les étudie. Malheureusement la mauvaise habitude que j’ai prise à Vannes c’est à dire, est celle de faire des observations  mouvements de tête ou d’épaule lorsqu’on m’adresse une observation ou qu’on m’inflige une punition. J’ai une peine infinie à surmonter se [sic] défaut et hier encore, le Père Coupel voyant que je rêvais m’a dit de me mettre à genoux puis, que je ne fais rien. Alors je hausse les épaules et murmure cet Ah! Bien! que vous connaissez ce qui m’a valu 100 lignes de latin à apprendre, j’en sais déjà une trentaine et vais me dépêcher à apprendre le reste afin d’être quitte le plus tôt possible et de commencer à lutter contre ma légèreté habituelle et ce défaut qui m’est si nuisible. Quant à ma vocation, je ne sais pourquoi la marine ne me plaît plus depuis que je vois de St Cyriens et St Cyr me tente beaucoup mais avant de me prononcer je consulterai le R. Père Talabardon. Remerciez de ma part maman de la lettre qu’elle m’a envoyée et qui contient de si bon conseil. Bien des choses à mes oncles et tantes, cousins et cousines. J’embrasse Marie, Henri et Pierre ainsi que vous mon cher papa, et je vous prie de me plaindre plutôt que de me gronder car j’ai beaucoup de peine à me relever pour la conduite. Cependant depuis quelques temps pour le P. Henry cela va mieux et j’espère que dans peu de temps je pourrai dire la même chose pour le Père Coupel.

 

Adieu mon cher papa

 

Votre fils qui vous aime

 

Emmanuel

 

[sur la même lettre]

Monsieur je crois devoir vous prévenir que j’ai été obligé de mettre Emmanuel au banc de la classe jusqu’à ce qu’il m’ait récité les les cent lignes de latin imposés; je vous ferai prévenir du jour où Emmanuel se sera mis en règle.

Croyez bien, Monsieur, que cette mesure je l’ai prise dans l’intérêt de l’enfant, qui est souvent porté à s’oublier tout en ayant une certaine bonne volonté.

Veuillez agréer

Monsieur Desgrées du Loû

Mon respect le plus profond avec l’assurance de mon dévouement pour l’enfant.

Le professeur Coupel

 

 

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