La "Patrie française" [Emmanuel Desgrées du Loû - 16/01/1900 - Ouest-Éclair - La Politique]

Publié le par Emmanuel Desgrées du Loû (1867-1933)

[publié le 06/02/2024]

[article précédent - Antisémitisme]

François Coppée vu par Le Rire

[Ouest-Éclair - 16/01/1900 - page 1 - transcription]

LA POLITIQUE

-----

La “Patrie française”

-----

Il y a quelques jours, à propos de la candidature nationaliste de M. François Coppée, le Temps prenait assez vivement à partie la Ligue de la “Patrie française” à laquelle il reprochait principalement de n’avoir qu’un programme vague et sans consistance. Cet important journal qui fut naguère l'un des organes les plus écoutés du parti républicain modéré, mais que le dreyfusisme a presque complètement dévoyé, allait même jusqu'à comparer la “Patrie française” à l'ancienne ”Union conservatrice” et il s'appliquait soigneusement à lui donner, aux yeux de son public, une couleur antirépublicaine. 

Si le Temps avait dit vrai, surtout sur ce dernier point, et s'il était prouvé que la “Patrie française” doit se laisser influencer par les quelques éléments césariens qu'on rencontre et dont, à certaines heures, on pourrait craindre que M. Coppée, trop facilement excitable, ne soit tenté de prendre la direction, il y aurait là un très grave inconvénient. Le suffrage universel est trop attaché à la République et, si l'on peut ainsi dire, d'une susceptibilité trop chatouilleuse à cet égard pour ne pas repousser systématiquement et avec violence toute entreprise réactionnaire, celle-ci fut-elle dissimulée sous le voile du patriotisme le plus ardent. Et nous-même, fidèles que nous entendons rester à notre programme, nous n'hésiterions pas à nous séparer des chefs de la Ligue le jour où nous la verrions s'engager dans une voie semblable. 

Mais, Dieu merci! les accusations du Temps sont injustifiées. Il y a quelques semaines, le président de la “Patrie française”, M. Jules Lemaître, à exposé, dans un admirable discours, le but et les intentions de la Ligue. Or, ce qu'il en a dit ne nous a semblé ni si vague, ni si inconsistant. Et, dans tous les cas, il a prononcé, en ce qui touchait à la question politique, des paroles dont le républicanisme très net n'est pas contestable. Hier, au banquet anniversaire de la fondation de la “Patrie française”, l'éminent écrivain s'est montré également très catégorique, et l'on pourra s'en convaincre en lisant plus loin l'extrait que nous donnons de son allocution.

Donc la Ligue est et restera républicaine. Voilà qui était entendu. Et, par conséquent, il n'y a entre elle et l'Union conservatrice nulle analogie. 

Nous espérons même qu'après avoir absorbé et transformé ce qui flotte encore de conservatisme autour d'elle, elle achèvera de se différencier de l'ancienne coalition monarchiste, qui, l'on s'en souvient, valût aux honnêtes gens défaites sur défaites, et qu’elle nous procurera, comme l’autre jour dans l’Ardèche, de beaux et consolants succès.

E. Desgrées du Loû.

[article suivant - L'action catholique]

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article