Nul ne peut retirer la vie à autrui [Jeanne-Emmanuelle Hutin - Ouest-France - lien - Annabel Desgrées du Loû]

Publié le par Jeanne-Emmanuelle Hutin - Ouest-France

[publié le 07/10/2022]

[extraits et lien vers l'éditorial du Ouest-France du 17/09/2022]

[extraits - transcription]

« L’État a-t-il le pouvoir et le droit de dire : « Puisque vous voulez mourir je vais vous tuer ? » […] La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie. Il y a ce principe que l’État doit respecter. » ​Voilà ce que disait Robert Badinter en 2008 au sujet de l’euthanasie.

C’est ce principe qui vient d’être balayé par l’avis du Comité national d’éthique (CCNE) rendu cette semaine. Il affirme entre autres qu’il existe une voie pour une application éthique d’une aide active à mourir​. Pourtant en 2013, il considérait « dangereux pour la société que les médecins participent à donner la mort » ​.

Ce revirement n’est pas unanime. Huit de ses membres ont signé une réserve de taille : « Face au constat que l’on meurt mal en France, notre inquiétude est que le recours à l’assistance au suicide se fasse par défaut de soins […] Quel message serait envoyé aux personnes gravement malades, handicapées ou âgées. L’idée que certaines vies ne méritent pas d’être vécues ? » ​, explique Annabel Desgrées du Lou à La Croix.

« Défaut de soins » ​, c’est le problème à résoudre sans attendre : au moins la moitié des Français qui auraient besoin de soins palliatifs ne peuvent y accéder, 26 départements sont dépourvus de ces unités. Et le Parlement envisage une nouvelle loi sur la fin de vie alors que la précédente n’est même pas appliquée correctement !

 

Le CCNE qui appelle à les développer compte sur des « conditions strictes » ​pour encadrer le suicide assisté et l’euthanasie s’ils advenaient. [...] En Belgique, l’euthanasie s’est ouverte aux dépressifs, aux mineurs. Et demain : à la fatigue de vivre ? Dangereux glissement !

« L’absolu respect de la personne »

Et les souffrants que pensent-ils de ces lois faites pour eux par les « bien portants » ? « Il y a quelqu’un au bout. Alors, on l’aide, on s’engage mais on ne le tue pas. On ne peut pas avoir une société apaisée, si vous tuez les plus fragiles » ​, alerte Philippe Pozzo di Borgo. Paralysé après un accident, il est un grand vivant heureux. Serait-il de ce monde si on lui avait proposé l’euthanasie ?

Quant aux soignants, 96 % de ceux qui travaillent en soins palliatifs sont opposés à l’euthanasie : « Le médecin ne peut pas être celui qui tue. On a retiré ce pouvoir au juge, cela semble fou de le donner au médecin » ​, explique Claire Fourcade, Présidente de la Société française des soins palliatifs (Sfap).

 

On veut un débat « apaisé » ​, on lance une Convention citoyenne. Mais le président de la République s’est dit le 17 mars favorable à ce que la France évolue vers le modèle belge, notait la Croix. Et l’on entend sur l’euthanasie et le suicide assisté : « C’est le moment, nous le ferons. » ​Quels progrès portent-ils ? « Envisager de tuer autrui comme l’ultime expression de nos solidarités apparaît comme une transgression » ​, dit Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médical, au Monde. «Comment appeler fraternel le geste qui donne la mort à celui qui le demande ?» ​, s’insurge Mgr D’Ornellas. Espérons que les Français sauront démentir ce trait de George Orwell : « Le langage politique est destiné à rendre vraisemblable les mensonges, respectables les meurtres… »

Au nom de « l’absolu respect de la personne humaine, fondement des droits de l’homme, le premier […] étant le droit de vivre » , Ouest-France a toujours été opposé à l’euthanasie : « Redisons-le : plutôt que de tuer il faut d’abord combattre la souffrance, multiplier les soins palliatifs, engager la difficile lutte contre la solitude du mourant et l’entourer de toute notre sollicitude, » ​expliquait François Régis Hutin

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article