Notes sur la doctrine sociale de l'Eglise et la loi naturelle [François Desgrées du Loû - non daté]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 07/05/2021]

[notes en relation avec certains articles et lettres, probablement début 1968]

St Thomas d'Aquin

[1]

Pie X - Encyclique Singulari quadam -

“Quoi qu'il fasse, même dans l'ordre des choses temporelles, le chrétien n'a pas le droit de mettre au second rang les intérêts surnaturels; bien plus, les règles de la doctrine chrétienne l'obligent à tout diriger vers le souverain bien, comme vers la fin dernière, toutes ses actions, en tant que moralement bonnes ou mauvaises, c'est-à-dire en accord ou en désaccord avec le droit naturel et divin, tombent sous le jugement et la juridiction de l'Église…”

Catéchèse du mariage - Citation de la lettre collective des Évêques français en 1919

“C'est pécher gravement contre la nature et contre la volonté divine que de frustrer par un calcul égoïsme [sic] et sensuel le mariage de sa fin”. 

Pie XI - Encyclique Quadragesimo Anno -

“L'Église ne peut abdiquer la charge que Dieu lui a confiée et qui lui fait une loi d'intervenir, non certes dans le domaine technique, à l’égard duquel elle est dépourvue de moyens appropriés de compétences, mais en tout ce qui touche à la loi morale. En ces matières, en effet, le dépôt de la vérité qui Nous est confié d'En Haut et la très grave obligation qui Nous incombe de promulguer, d'interpréter de prêcher, en dépit de tout, la loi morale, soumettent également à Notre suprême autorité l'ordre social et l'ordre économique. 

“Car, s'il est vrai que la science économique et la discipline de mœurs relèvent, chacune dans sa sphère, de principes propres, il y aurait néanmoins erreur à affirmer que l'ordre économique et l'ordre moral sont si éloignés l'un de l'autre, si étrangers l’un à l'autre, que le premier ne dépend en aucune manière du second. Sans doute, la loi économique, fondée sur la nature des choses et sur les aptitudes de l'âme et du corps humain, nous font connaître quelles fins, dans cet ordre, restent hors de la portée de l'activité humaine, quelles fins au contraire elle peut se proposer, ainsi que les moyens qui lui permettront de les réaliser; de son côté la raison déduit clairement de la nature des choses et de la nature individuelle et sociale de l'homme la fin suprême que le créateur assigne à l'ordre économique tout entier. 

“Mais seule la loi morale nous demande de poursuivre, dans les différents domaines entre lesquels se partage notre activité, les fins particulières que nous leur voyons imposées par la nature ou plutôt par Dieu, l'auteur même de la nature, et de les subordonner toutes, harmonieusement com[2]binées, à la fin suprême et dernière qu'elle assigne à tous nos efforts. Du fidèle accomplissement de cette loi, il résultera que tous les buts particuliers poursuivis dans le domaine économique, soit par les individus, soit par la société, s'harmoniseront parfaitement dans l'ordre universel des fins et nous aideront efficacement à arriver comme par degrés au terme suprême de toute chose, Dieu, qui est pour lui-même et pour nous le souverain et l'inépuisable Bien. 

Pie XII - Encyclique Summi Pontificatus - 20 Oct. 1939 -

La méconnaissance de la loi naturelle: “... Et avant tout il est certain que la racine profonde et dernière des maux que Nous déplorons dans la société moderne est la négation et le rejet d'une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales: c'est-à-dire la méconnaissance et l'oubli, si répandus de nos jours, de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu, créateur tout-puissant et père de tous, suprême et absolu législateur, omniscient et juste vengeur des actions humaines…”

Pie XII, Radiomessage du 1er Juin 1941 -

“Incontestable est la compétence de l'Église dans cette part de l'ordre social qui entre en contact avec la morale pour juger si les bases d'une organisation sociale donnée sont conformes à l'ordre immuable des choses que Dieu a manifesté par le droit naturel et la Révélation”. 

Jean XXIII - Encyclique Mater et Magistra -

Le Radiomessage de la Pentecôte 1941 - de Pie XII - “L’incontestable compétence de l’Église…pour juger si les bases d'une organisation sociale donnée sont conformes à l'ordre immuable des choses que Dieu, Créateur et Rédempteur, a manifesté par le droit naturel et la Révélation”.  

Pie XII - allocution au Congrès des Études humanistes, 25.9.1949 -

Le fondement de la doctrine sociale de l’Église - “La loi naturelle! voilà le fondement sur lequel repose la doctrine sociale de l'Église. C'est précisément sa conception chrétienne du monde qui a inspiré et soutenu l'Église dans l'édification de cette doctrine sur un tel fondement. Qu’elle combatte pour conquérir ou défendre sa propre liberté, c'est encore pour la vraie liberté, pour les droits primordiaux de l'homme qu'elle le fait. À ses yeux, ces droits essentiels sont tellement inviolables que, contre eux, aucune raison d'État, aucun prétexte de bien commun ne saurait prévaloir. Ils sont protégés par une barrière infranchissable. En deçà, le bien commun peut légiférer à sa guise. Au-delà, non; il ne peut toucher à ces droits, car ils sont ce qu'il y a de plus précieux dans le bien commun. Si l’on respectait ce principe, que de catastrophes tragiques et de dangers menaçants seraient enrayés! À lui seul il pourrait renouveler la physionomie sociale et politique de la terre. Mais qui [3] donc aura ce respect inconditionnel des droits de l'homme, sinon celui qui a conscience d'agir sous le regard d'un Dieu personnel ?”

 

Pie XII - Allocution au Tribunal de la Rote - 13.11.1949 -

Les Normes objectives du droit - “... Si l’on enlève, au droit sa base constituée par la loi divine naturelle et positive, et par cela même immuable, il ne reste plus qu'à le fonder sur la loi de l'État comme sa norme suprême, et voilà posé le principe de l'État absolu. Vice versa, cet État absolu cherchera nécessairement à soumettre toutes choses à son pouvoir arbitraire, et spécialement à faire servir le droit lui-même à ses propres fins…”

 

Ordre juridique et moral - “Il faut que l'ordre juridique se sente de nouveau lié à l'ordre moral, sans se permettre d'en franchir les limites. Or, l'ordre moral est essentiellement fondé sur Dieu, sur sa volonté, sur sa sainteté, sur son être. Même la plus profonde ou la plus subtile science du droit ne saurait indiquer d’autre critère, pour distinguer les lois injustes des lois justes, le simple droit légal du vrai droit, que celui qui est déjà perçu par la seule lumière de la raison se basant sur la nature des choses et de l’homme, que le critère de la loi inscrite par le Créateur dans le coeur de l’homme, et expressément confirmée par la révélation. Si le droit et la science juridique ne veulent pas renoncer à leur seul guide capable de les maintenir dans le droit chemin, ils doivent reconnaître les “obligations morales” comme règles objectives, valables même pour l'homme pour l'ordre juridique. “

Catéchèse du mariage - Lettre de Mgr Montini à S.E. le cardinal Siri, 27.9.1958

“Il sera avantageux pour les rapporteurs du Congrès de réfléchir sur certains enseignements du magistère ecclésiastique qui devront leur servir de guide et de lumière au cours des travaux. 

“Ils se rappelleront avant tout qu’aucune solution des problèmes démographiques ne pourra jamais être considérée comme répondant à la justice et à la vérité, si l’on ne tient pas en juste compte la valeur sacrée et intangible de la vie humaine ou si, en quelque manière, on exclut le respect des normes qui président à sa transmission ordonnée. Celle-ci trouve son application naturelle dans le cadre de la famille, dans la dignité des rapports conjugaux, et englobe la procréation et l'éducation de la progéniture. 

“C’est donc un crime - que la raison d’État ou quelque prétexte d’eugénisme ou d’économie ne saurait aucunement justifier - d’attenter d’une façon ou d’une autre contre la vie, dans son itinéraire qui va de l’union des époux jusqu’au berceau; et il faut entendre par là, non seulement le meurtre direct de l'innocent, mais également la fraude contre les desseins de la nature qui, en tant que tels, expriment la volonté du créateur. “Si le sens profond du bien commun est l’âme de tout État sain et fort - avertissait le Saint-Père dans le radio-message du 14 septembre 1946 au peuple suisse, - la dignité et la sainteté de la vie conjugale et familiale en est comme la colonne vertébrale. Que celle-ci vienne à subir une grave lésion, c’en est fait de la vigueur de l'État et c’est, tôt ou tard, la ruine du peuple”. 

[4]

Le Père Lucien Guissard, dans la revue “L’Assomption” - Hiver 1967 -

“Inscrire la loi divine dans la cité terrestre”: c’est l’objectif rappelé par le Concile. Pour cela, il faut considérer l’homme et son milieu concret: le travail et ses conditions actuelles, la technique, la science la recherche du confort, la situation faite à la famille et à l’amour, l’éducation des jeunes et leur orientation.

Jean XXIII - Allocution à des Juristes - 7 Décembre 1958 -

“Sans vouloir en aucune manière résumer cet enseignement, mais dans le but seulement d'éclaircir un point, qui n'est pas toujours tenu en juste considération, le Saint-Père a voulu rappeler que l'Église, par le mandat divin qui lui a été conféré, a le droit et le devoir d'enseigner les normes dérivant de la Révélation et du Droit Naturel, qui concernent la vie sociale dans ses différents aspects. Si dans ce domaine si vaste il y a des problèmes qui ont, par eux-mêmes, un contenu et une valeur technique, comme on a l'habitude de dire, il n'est pas douteux que leur solution également ne peut faire abstraction des principes religieux et moraux inspirateurs non seulement de la vie individuelle, mais aussi de la vie sociale de l'humanité.”

Jean XXIII - Allocution présentant l’encyclique Mater et Magistra et proclamant “le précepte du Seigneur” -

“... Le précepte du Seigneur, qui affirme et proclame la reconnaissance et le respect d'un ordre moral valable pour tous; qui reconnaît que celui-ci est fondé sur Dieu, tuteur et vengeur, distributeur de bien-être et richesse et de miséricorde, et qui exige avec une rigueur terrible à laquelle nul n'échappe, la justice et l'équité. 

“C'est là le motif fondamental de l'intervention de la religion et de la sainte Église également dans le domaine économique et social. Toujours le Décalogue, cher fils, toujours l'Évangile... “

Jean XXIII - Lettre encyclique Pacem in Terris -

Aspects fondamentaux du bien commun - “les particularités ethniques qui distinguent les différents groupes humains s’inscrivent dans l’aire du bien commun, sans suffire pour autant à sa définition complète. Ce bien commun ne peut être défini doctrinalement, dans ses aspects essentiels et les plus profonds, ni non plus déterminé historiquement qu’en référence à l’homme: il est, en effet, un élément essentiellement relatif à la nature humaine.”

Directoire Pastoral - Assemblée plénière de l’Épiscopat - 27 Avril 1954 -

“... La doctrine sociale de l’Église n’est autre chose que le Décalogue et l’Évangile appliqués par l’Église aux différentes époques sociologiques et aux différentes situations sociales…”

[5]

Actes du Concile Vatican II - Doctrine générale sur la Liberté religieuse -

Objet et fondement de la liberté religieuse - “Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l’a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même. Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil….”

Paul VI - Lettre des évêques d’Italie le 16 janvier 1968 avec citation de Vatican I -

La vie et l’activité publiques comportent des problèmes moraux délicats qui engagent la conscience de chacun et qui poussent le peuple de Dieu à les considérer de façon objective et sereine, à la lumière de l’enseignement de l’Église. Celle-ci, en fait, a le droit de “prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner sa doctrine sur la société, accomplir sans entraves sa mission parmi les hommes, porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent”

Paul VI - Lettre au Congrès des Juristes catholiques italiens le 9 Décembre 1967 -

“... Comment on le sait, l'Église aime rappeler les prémisses qui, en se basant sur une vision objective de la nature de l'homme et de sa nature concrète, permettent de surmonter les antinomies artificieuses et garantissent les rapports bien ordonnés entre l'homme et l'État: d'abord, l'homme est une personne, un sujet spirituel, qui a reçu de la nature, et donc de Dieu, des droits inaliénables pour atteindre sa fin et sa perfection; de plus, les droits fondamentaux de chacun doivent s'harmoniser avec ceux des autres dans la trame de la société, laquelle postule la solidarité, c'est-à-dire l'intercommunion et la collaboration de tous, de façon que chacun puisse parvenir à sa perfection personnelle. Dans la vie sociale, qui consiste dans l'exercice des droits humains, la personne humaine occupe une position centrale; ses fins et ses biens doivent être protégés, respectés et encouragés…”

 

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