Sur le centrisme et la politique des blocs [François Desgrées du Loû - tapuscrit - date estimée]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 23/03/2021]

 

[Brouillon d’article? envoyé par François Desgrées du Loû à son fils Yves - juin 1968 probablement]

Il est tout à fait normal que le “Centre Progrès et démocratie moderne” et les candidats qui s’en réclament courent leur chance. Mais au lendemain des élections il faudra choisir, car en démocratie il n'y a pas de gouvernement sans majorité.

Personne ne désire la division de la France en deux blocs affrontés. Mais dans des circonstances tragiques c'est l'appel du général de Gaulle, c'est le sursaut national du 30 mai qui a évité la forme la plus odieuse de la division entre Français: la guerre civile. Il ne s'agissait pas alors de manœuvrer entre partis, de rester hésitant, mais de rassembler ceux qui défendent à la légalité républicaine et la liberté. 

Des hommes du centre l'avait compris déjà en refusant de voter la motion de censure. D'autres s'étaient unis aux partisans de M. Mitterrand et aux communistes en la votant, ce qui était singulièrement dangereux. S’ils se sont ensuite ressaisis, tant mieux. Mais ils ont tort de reprocher aux candidats de la Défense de la République de faire la politique des deux blocs, car il appartient à tous les patriotes de réaliser l'union la plus large pour que la France dise NON aux entreprises révolutionnaires et totalitaires. Lorsque le Parti communiste, évincé du pouvoir en 1947 par le socialiste Ramadier, tenta de créer le désordre, le centre, la droite et la gauche non communiste s’y opposèrent. Nul ne songea alors à leur reprocher la “politique des deux blocs”. Et la République l'emporta sur la Révolution jusqu'au jour où l’affaiblissement de la IVe République, dominée par le régime des partis, obligea le parlement à faire confiance au général de Gaulle. 

Qu’on cesse donc de faire de la solution de la crise actuelle une question d'étiquettes, comme si un seul parti, parce qu'il se proclame “du centre”, représentait la modération et l'équilibre! Tout le monde sait bien que demain les hommes du centre devront choisir, sans quoi ils resteraient seuls et impuissants: ou bien soutenir un gouvernement qui par l’union la plus large saura à la fois défendre la République et nos libertés, ou bien devenir les otages de la “Fédération de la gauche”, alliée au Parti communiste. Et cette Fédération elle-même devra ou bien tenir ses promesses envers les dirigeants communistes, donc les associer au gouvernement, ou bien rompre avec eux, et dans les deux cas tromper plus ou moins ses électeurs. 

La politique du centre, ce devrait être une question non d'étiquette mais de programme. Et c'est une politique du centre que de Gaulle a choisie en écartant les abus du capitalisme et les dangers du collectivisme. Plusieurs de ses ministres, tels MM. Schumann et Michelet et Mlle Dienesch, qui furent parmi les plus brillants militants de l'ancien M.R.P., se sont unis pour la défense et la Rénovation de la République à des hommes de nuances diverses qui ont mis fin à leurs querelles. N'est-ce pas un signe et un exemple dans la tragique situation actuelle, devant les menaces qui se sont élevées contre l'unité nationale ? 

Deux blocs? nous ne le souhaitons pas plus que quiconque. Mais il y aura toujours une opposition et une majorité. Il faut que celle-ci soit large et massive. Quant à l’opposition, elle aura toujours le droit de s’exprimer librement si de Gaulle est là et si la République tient bon, tandis que le pays serait réduit au silence si les partisans d’un régime soviétique ou pékinois pouvaient demain s’emparer du pouvoir.

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