Il y a bien une "doctrine sociale" de l'Eglise [François Desgrées du Loû - 16-17/07/1961 - Ouest-France]

[publié le 16/02/2019]

[Ouest-France - 16-17/07/1961] [sur Mater et Magistra]

Il y a bien une “doctrine sociale” de l’Église

On s’est parfois demandé s’il était possible de parler d’une “doctrine sociale de l’Église”. Rien, certes, n’autorise à prétendre qu’un programme social et économique donné soit, à l’exclusion de tout autre, recommandé aux chrétiens. Mais c’est avec une insistance voulue que les Papes, depuis la retentissante encyclique “Rerum Novarum” du 15 mai 1891, ont tiré de la loi naturelle et de l’Évangile des conclusions précises.

L’encyclique “Mater et Magistra” confirme cette foi et cette volonté.

L’initiative de Léon XIII est à l’origine d’un mouvement dont l’histoire impartiale reconnaît l’influence déterminante dans le droit international comme dans notre législation. Les appels de l’Église à plus de justice, plus d‘équité, à une reconnaissance enfin sincère et efficace de la dignité du travailleur et de son foyer, ont contribué à transformer la condition ouvrière. Mais les problèmes se compliquent et s’étendent, et ce n’est plus seulement du sort d’une classe, mais de l’inquiétude de tout un monde, agricole et industriel, en évolution rapide, et de l’injuste répartition des richesses du globe, que se préoccupe aujourd’hui le successeur de Pierre.

Après Pie XI et Pie XII, dans un document qui rassemble les leçons d’hier et les mots d’ordre aujourd’hui, Jean XXIII donne aux hommes de bonne volonté, parfois désorientés et inquiets, la réponse de l'Église, datée à dessein du 15 mai, comme l’encyclique de 1891. Le caractère solennel de cette intervention suffit à marquer l’importance que le Pape y attache et l’intérêt, pour tout homme soucieux de servir ses frères, d’une étude objective et approfondie de ce nouveau document, œuvre de doctrine et d’action.

François DESGREES du LOU.