Journal 39-44 - 19/06/1944 [François Desgrées du Loû]

Publié le par François Desgrées du Loû (1909-1985)

[publié le 10/06/2023]

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[transcription]

+ Le Loû lundi 19 juin 1944

Aujourd’hui, Sainte Julienne de Falconieri: grand’mère Hamonno aurait cent ans.

Événements sensationnels depuis la Trinité.

Lundi 5 juin, je reçois de la mairie de Plélan, par un cycliste d’assez vilain visage, une convocation pour le lendemain à 10 heures à Plélan. Grâce à M. Perot, marchand de vin à Mauron, j’ai pu aller le soir même voir le commandant allemand de [103]Plélan, que j’ai trouvé au moment de partir après l’avoir en vain cherché chez le docteur X, qui possède une jolie maison fleurie et couverte de vignes ou de lierre à l’entrée ouest du bourg, mais il a été inutile d’insister: il fallait se rendre à Plélan le lendemain.

Le 6 au matin, après une nuit sans sommeil, départ à bicyclette pour Mauron, où j’espérais trouver l’auto de Patier qui conduisait à Rennes le Dr Morin et une partie de sa famille, pour aller chercher son b. père. Je trouve les Allemands sur pied, les routes gardées, le docteur agité. Je laisse partir [Tom?] Bot, l’adjoint de Mauron, dans l’auto, et je fais route à bicyclette. Des avions passent souvent - des avions anglais ou américains, sans nul doute -. À Plélan, je pose ma bicyclette chez une boulangère et j’apprends le débarquement. Je me rends à la mairie, où l’on dit aux maires de faire planter des piquets dans les terrains découverts, de 60 en 60 mètres. Après cette réunion, j’invite les maires de Beignon, Saint Malo de Beignon, Campénéac, Concoret, Saint-Malon ou Saint-Péran, et Tom Bot, à prendre un verre de vin blanc, au [café?] presque en face de la mairie. Conversation cordiale et animée.

Je rentre à bicyclette. Le brave Bot attendait [104]le retour du docteur, mais celui-ci dut rentrer par une autre route, et Tom Bot revint à pied…

1 à 3 jours après le débarquement, Magdeleine nous amenait François Xavier et Stani, après un voyage de Vannes à Mauron avec Lolte chez les Moncuit le jour du déjeûner de 1ère communion. C’était donc le 8, jour de la Fête Dieu. ils sont restés jusqu’à samedi, Magdeleine étant venue vendredi les chercher pour aller à Plénée Jugon, après un séjour à Saint Jacut de la Mer. Je les ai dissuadés autant que j’ai pu de retourner à Saint-Pabu.

Lundi 12 avril, à 7h moins 10 du matin, deux explosions font trembler nos vitres, suivies d’autres. Réveil brutal. Des avions à double fuselage avaient bombardé la voie. Après la messe, nouvelles explosions, du côté de Ploërmel. Mort du chef de gare de Bois de la Roche et d’un homme à Gaël. le cheminot Perquis, de St Léry, sauf: il était à côté du chef de gare de Bois de la Roche. Une bombe non éclatée près du Fresne.

Rennes, Montfort et, dit-on, Fougères et Bécherel, ont été clôturés, ainsi que Ploërmel. L’électricité étant coupée ainsi que le téléphone, les “bobards” ont libre cours.

Le 14 juin, promenade, en bande, par un joli matin presque d’été. [C’était pour aller chercher macKay - note de marge] communion le 14, le 16, fête du Sacré Cœur, et hier dimanche. La procession de la Fête Dieu réduite à une [105]bénédiction sous le porche, car reposoir [???] par le Loû.

Staszek a passé très bien ses examens. Fr. Xavier a été refusé, mais cela se réparera.

Écrit aujourd’hui pour avoir des nouvelles des Paul, des Daguzan, de Léonie, et pour remercier Roger qui me lègue, en cas de disparition d’eux et de leurs enfants, les papiers et tableaux Desgrées. En tous cas, nous ne les abandonnerons pas. J’espère qu’ils vivront et feront du bien, et porteront bien leur nom, le nôtre.

Aujourd’hui, depuis ce matin, pluie continuelle, et bienfaisante!

Le moral est bon. Louange à Dieu! Et que Saint Michel Archange et Saint Léry nous continuent leur protection.

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