Une affaire à la Libération - II/II [document non daté - date estimée]

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[publié le 26/05/2023]
[document non daté, trouvé dans les archives de François DdL - date estimée]

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[transcription]

[...?] on conçoit difficilement que M. J. considère Mr.L. G. comme seul responsable de son internement alors qu’il est facile de prouver, que même sans la démarche de Mr.L.G. à la Préfecture Mr.J. aurait été arrêté et condamné à tort ou à raison, je n’en suis pas juge. Il faut bien considérer qu’en 1941 la situation n’était pas la même, le Maréchal n’avait pas encore cet entourage imposé par l’ennemi - La propagande contre le Maréchal venait aussi bien de l’Allemagne que d’Angleterre - il fallait à tout prix détruire une Unité Française, on y est arrivé. Nous revenons à l’affaire Jeanton.

Mr. et Mme Jeanton recevait chez eux un jeune homme de 16 ans, Robert G. fils du Ct Geffrier, à cette époque là en garnison en zone dite libre. Un samedi soir par un retard de train, Robert arrive en retard, M. J. lui avait confié un paquet à remettre chez M. X. à Vitré - Le dimanche soir Robert refait sa carte pour repartir le lundi matin à Rennes retrouve le paquet non ficelé, et par un mouvement brusque sans doute, le paquet se défait et laisse voir des papiers de propagande injurieuse contre le Maréchal - Mme.G. dit à son fils de rndre à MR.J. ce paquet, il repart par la Micheline lundi matin - Le lundi en fin de matinée, un peu inquiète, se demandant chez qui elle avait mis son fils à Rennes, vient en parler au bureau du S.N. où était généralement sa fille comme Secrétaire de Mr.L.G. - Elle demande à Mr.L.G. des renseignements sur Mr.J. - Mr.L.G. lui répond que c’était un homme parfait comme idées et politiques et religieuses, très P.S.F. Elle demande également des renseignements sur Mr.X. où devait être remis les papiers, Mr.LG. lui répond, qu’il n’était pas du tout dans les mêmes idées politiques, mais que c’était un patriote, car ils trafiquaient ensemble très souvent pour des évasions - Mme G. lui présente alors la copie d’un des tracts en lui disant que Mr.J. avait chargé Robert du transport de ces papiers… et qu’elle tremblait à l’idée que ce paquet aurait pu aussi bien se défaire en gare ou en ville risquant de faire arrêter son fils. Mr.L.G. alors s’étonne, croyant Mr.J. encore P.S.F. et se figure qu’il sert à son insu une propagande contraire à ses idées - Étant chef de propagande à l’époque, il veut en avoir le coeur net et part à la Préfecture, le Préfet absent, il est reçu par le Chef de Cabinet alors Mr. Cousin, qui de suite lui dit: Je connais ces tracts, ils circulent déjà à Rennes et ils viennent de M. Jeanton dont voici le dossier et une perquisition est décidée pour le lendemain - Mr.L.G. avait fait son devoir, mais n’avait en rien aidé la Préfecture déjà au courant, les vrais délateurs étant ailleurs et Mr.J. a préféré s’arrêter de suite à lidée [sic] que seul Mr.L.G. voulait lui nuire… Pourquoi? Quand on sait les sentiments de sympathie qu’il y avait pour lui - La perquisition a lieu à 4 heures le lundi au lieu du lendemain et on ne trouve rien Mr.J. déclare qu’un policier gauliste [sic] ayant trouvé les tracts les a mis de côté… Dans tous les cas, légalement on n’a rien trouvé, pourquoi Mr.J. a-t-il été arrêté trois ou quatre jours après? C’est donc que son dossier était suffisamment chargé - Mr.L.G. n’était donc pour rien dans cette arrestation et Mr.J. étant bien entouré à la Préfecture a pu savoir que Mr.LG. n’avait eu aucune autre relation sinon de s’être réjoui de voir la peine de prison diminuée et la situation de Mr.J. rendue - Mr.J. déclare que Mr.L.G. s’est prêté à un traquenard qui lui était tendu Ce traquenard, Mr.L.G. ne pouvait pas le connaître puisque le jeune Robert ne savait pas au moment de la perquisition qu’il y avait un rapport entre Vitré et Rennes pour cela, lui étant parti par la Micheline de 7H.30 et Mme G. étant venue au bureau qu’en fin de matinée le lundi - elle ne pensait pas que Mr.L.G. attacherait une importance suffisante à la chose pour se déranger et prendre ses renseignements à la Préfecture.

Mr.L.G. était depuis 39 chargé du Centre des Réfugiés à Vitré à titre bénévole et maintenu par les Préfets différents et successifs - Ayant le Centre des Réfugiés et le S.N. sous la main, il lui a été bien facile d’aider à de nombreuses évasions et passages en zone libre - Il a été particulièrement aidé par Mr. Lemaître économe de l’Hopital de Vitré arrêté par la Gestapo - A ce moment, Mr.L.G. a préféré s’éloigner et a fait dans le Midi un séjour de trois semaines. Il a été très aidé par des membres de la S.N.C.F. et Mr. Morvan.

Combien de personnes a-t-il camouflées chez lui - officiers et hommes alors qu’il avait des officiers boches à loger.

Au moment de la libération magnifique de la Prison, il a dû faire disparaître une correspondance compromettante.

Que de renseignements il a fait passer au sujets [sic] des troupes allemandes séjournant aux environs.

Il a pu rendre service à un officier de la résistance en lui prêtant les pneus de sa voiture afin de se rendre à Angers - Plusieurs fois depuis, il a de son plein gré, offert sa voiture à l’Etat-Major de Rennes Il a pu également indiquer plusieurs fois à des jeunes gens l’adresse de l’un de ses matelots qui à Locqenolé faisait le trafic pour les départs en Angleterre.

Le travail de bon Français qu’il n’a jamais cessé explique difficilement une incarcération à un moment où se Ramassaient à juste titre tous ceux qui avaient eu un rapport quelconque avec l’ennemi.

Les véritables auteurs de l’arrestation de M. Jeanton ne seraient peut-être pas difficiles à trouver, pourquoi s’acharner sur un homme comme Mr.L.G. qui par sa loyauté a voulu prendre toute la responsabilité de sa démarche à la Préfecture afin que cela ne retombe pas sur les Geffrier Il a été interrogé par un ‘Intelligence Service” un peu douteux qui sous la menace l’a forcé à signer une déposition alors que sa mémoire lui faisait défaut sur les détails.

Dans la seconde déposition, il n’a pas songé à une défense possible, il avait au sujet de Mr. Jeanton une conscience bien tranquille - il croyait la chose bien inutile.

Maintenant il semblerait avoir payé assez cher cette captivité qui a réveillé un mal à l’état aigü le faisant cruellement souffrir.

 

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