Lettre du Comte Desgrée, en réponse à celle de M. Taboureau, Contrôleur-Général [Affaire du Comte Desgrée]

Publié le par Comte Desgrée (1725-1813)

[publié le 15/11/2018]

[Extrait du Mémoire pour le Comte Desgrée, Recueil de pièces]

[Les notes et numéros de pages sont ceux du Mémoire]

 

[lettre du Comte Desgrée]

[réponse de M. Taboureau]

[N°.3. - Note de marge]


 

LETTRE du Comte Desgrée, en réponse à celle de M. Taboureau, Contrôleur-Général.


 

Rennes, le 28 Juin 1777.


 

MONSIEUR,


 

Lorsque j'ai eu l'honneur de vous écrire, le 5 Mars dernier, à l'occasion des impressions qu'on cherchait à vous donner contre moi, je n'ai eu pour objet que d'empêcher la mauvaise volonté de mes ennemis,& de conserver dans votre esprit une opinion différente de celle qu'on voulait vous donner; car, quand on n’a rien à se reprocher, on n’a rien à craindre. Je n'ai pas réussi; je n'avais garde, puisque, suivant ce que vous m'avez fait l'honneur de me marquer, vous aviez adopté ces impressions avant la réception de ma lettre: j'en suis touché; mais, comme je ne les ai [81] pas méritées, je m’en console, dans l’espérance que les nuages, qui en ce moment voilent la vérité, se dissiperont tôt ou tard. Néanmoins, quelles que soient ces préventions, elles n’influeront en rien sur ma façon de penser et d'agir. L'amour du bien sera toujours mon guide.

Je ne puis cependant m’empêcher, Monsieur, de vous témoigner ma surprise de ce que vous me marquez avoir trouvé dans ma lettre le motif qui a fait croire que j’avais tout conduit, parce que j’avais porté le Trésorier: oui, Monsieur, je l'ai porté publiquement, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire; entraîné par différents liens, j'ai pu & dû m’y intéresser sans qu'on puisse induire, de l'activité de mes démarches en sa faveur, que j'aie cherché à former des embarras sur les opérations de la tenue, totalement étrangères à cette élection; & quand il serait vrai que tous ceux qui ont voté pour lui, eussent été d’avis de l'élection des députés, autres que les recommandés, s'ensuivrait-il que ce serait moi qui les y aurais déterminés ? Si mes ennemis, poussés par le dépit de n’avoir pas réussi, ont voulu en rirer cette conséquence pour me rendre responsable de tout ce qui s’est fait, c’est une absurdité dont vous apprécierez mieux que personne la fausseté & le ridicule, c’est une suite de l’envie & de la jalousie qu’on me porte.

Il me reste à vous prier, Monsieur, lors du travail de l’arrêt approbatif de l’état de fonds, de vouloir bien mettre sous les yeux du Roi ma lettre du cinq Mars dernier, & celle que j’ai l’honneur d’écrire; j’ose me flatter que Sa Majesté y reconnaîtra, à mes sentiments & au désintéressement de mes vues, la franchise & la droiture d’un Gentilhomme dont elle a eu la bonté d’approuver la conduite [82] & les intentions. Ce souvenir m’est aussi cher, que mon amour est inné pour sa Personne sacrée & pour le bien public.

Je compte trop, Monsieur, sur votre équité, pour craindre que vous me refusiez une demande aussi juste que naturelle.

Je suis avec respect, &c.


 

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