La Touraille - Histoire du lieu et des familles qui s'y sont succédé

Publié le par Xavier Fournier de Bellevüe (1854-1929)

[note manuscrite de fin: Tiré du livre « Augan, histoires et seigneuries » du Vte Xavier Fournier de Bellevüe]

[publié le 07/02/2018]

-

[copie manuscrite]

LA TOURAILLE

[1]

La maison noble de la Touraille est très ancienne. Il en est fait mention dès les temps les plus reculés.

Elle est situé en la paroisse d’Augan un peu au sud de la route qui mène du bourg à Ploërmel et à deux kms à l'ouest du clocher. Elle est bâtie sur un coteau et sur la rive droite de l’Oyon, dont les eaux serpentent dans les vastes prairies qui s'étendent au nord et sont entourées de bois de haute futaie. Au sud de la maison, la vue s'étend sur les collines de Brambroc de la Ville-Voisin, de la Coudraie, de la Grée, de la Voltais [?]; à l'ouest on aperçoit le château, l'étang, le chêne et le bois de Lémo, au-dessus duquel se dresse la pointe du clocher d’Augan; plus loin à l'horizon, les buttes de la Grée de la Voltais [?].

Dès le XIVe siècle nous trouvons la Touraille seigneurie et chef-lieu de la maison des Grées seigneurs de Jerguy, de la Ville-Rio, de Boquidis et de Brambro, famille noble et considérable d’origine écossaise qui vint s'établir en Bretagne vers 1375.

En 1590 les Ligueurs, irrités de la fidélité des des Grées à leurs princes, brûlèrent et ruinèrent entièrement leurs châteaus de Jerguy et de Boquidis (Bot-hi-di la maison du chien).

La Touraille fut aussi en partie détruite, ses bois furent abattus, les papiers et les meubles furent pillés ou brûlés. - Ruinés par ces destruction et par les dépenses excessives qu'il avait faites au service du Roi, Jean IV, vicomte des Grées, surnommé “le Prodigue” dut vendre en 1622 les terres qu'il possèdait en Augan. - La Touraille fut ensuite acheté par Jean-Marie Le Doüarain, écuyer, seigneur de la Croix Oran, neveu et pupille de Jean IV des Grées et 6e fils de Jean-Marie Le Doüarain, Sr du Cambrigo, du Chesnoran, de la Tyeulaie et de Michelle Larëas [?], dame de Limoral [?]. J.M. Le Doüarain habita la Touraille avec sa femme Perinelle Polluche, dame de la Bourdelaie et de la Motte. Leurs quatorze [3] enfants naquirent à la Touraille et plusieurs se marièrent dans la chapelle du château. Vers 1684, après la mort de Mr et Mme Le Doüarin de la Touraille, leur fils Pierre qui depuis son mariage avec Jeanne des Cognets, dame des Touches, en 1669 [?] habitait la Seigneurie de la Roche en Augan, quitta cette maison pour venir demeurer à la Touraille avec sa fille Marie et ses fils Gilles et Joseph.

Joseph le Doüarain se fit prêtre et fut connu sous le nom d'Abbé de la Touraille.

Gilles Le Doüarain habita la Touraille jusqu'à 1709. À cette époque, elle fut saisie d'autorité sur lui au profit de René Liger, écuyer, seigneur de la Châtaigneraie, conseiller du Roi pour une dette de 5.755 livres. Les Liger portaient “de gueules à la bande engreslée d'or accompagnée de deux croisettes d'argent”.

René Liger de la Chataîgneraie prit possession de la Touraille le 23 juillet 1709, mais il ne semble pas l'avoir habitée. Il la vendit [4] vers 1716 à Isidore Larcher - seigneur du Bois du Loüp et du Choysel - Brigadier de dragons démissionnaire en 1715.

Isidore Larcher et était époux de Marie Anne Goullard - dame du Bignon en 1718, il continua a habité le château du Bois du Loup jusqu'à la fin de 1731; à cette époque, il vint se fixer à la Touraille avec son fils Jean-Chrisostome Larcher, alors âgé de 12 ans, abandonnant le Bois du Loup à sa cousine Jeanne Michelle Larcher, unique héritière de la branche aînée et qui venait d'épouser Jean-Baptiste de Langan, du Bois Ferrier.

La maison de la Touraille, inhabitée depuis plus de 30 ans était alors en misérable état; murs et toiture, portes et fenêtres étaient délabrés et presque en ruines.

Elle se composait alors

Un corps de logis de 65 pieds de long s'étendant de l'est à l'ouest et renfermant une grande salle à l'est et une chambre basse à l'ouest.

[5] En arrière de la salle au nord un pavillon carré sous lequel était l'escalier.

À l'ouest de ce pavillon était la cuisine, à l’Est un cellier suivi d'un petit appenti.

Au 1er étage:

Deux chambres avec cabinets sur la cuisine et la chambre basse avec greniers au-dessus.

Sur la salle, il n'y avait qu'un grenier, auquel on montait par un escalier en pierres.

La Cour était en avant et au sud de la maison; elle était entre le jardin à l'est et les dépendances à l'ouest. Dans cette cour était un puits.

Les dépendances situées à environ 25 m du logis principal avait (sic) une longueur de 100 pieds du nord au sud. Elles contenaient les écuries et étables au nord, une grange au sud et un vieux pigeonnier.

(Au sud de la cour était un mur, au bout ouest duquel se trouvait le portail avec un cellier à gauche, chambre sur ce cellier et le portail, ayant accès par un escalier de pierres

[6] La retenue se composait du jardin à l'est de la cour, suivi également à l'est d'un verger. Un autre verger planté en pommiers occupant le terrain au nord de la maison (où se trouve actuellement le gazon du nord et les bosquets).

Plus loin, vers l'ouest, entre le verger et la rivière était un bois de futaie, à l'extrémité est duquel se trouvait une chapelle.

Les bâtiments de la métairie de la Porte étaient situés en face et à environ 200 m au sud de la maison. Ils avaient de l'est à l'ouest une longueur de 80 pieds et contenaient à l'ouest une grange, à l'est une étable, au centre le logis du fermier. En arrière au sud était une petite étable à brebis. Il y avait des greniers sur ces logements.

L'étendue des terres de cette métairie était alors de 63 journaux ½ .

La ferme était par moitié à l'exp[loit]ation des pommes qui appartenaient en entier au [7] propriétaire. Le fermier possédait les bestiaux et devait annuellement comme redevance cent livres de beurre et dix poulets à la St Jean, douze chapons à Noël, un veau gras et 12 livres argent.

La seigneurie de la touraille, retenue et métairie était alors estimée rapporter environ 830 l. de rente et valait près de 20.000 l.

Telle était la terre de la Touraille, au moment où Isidore Larcher vint habiter le manoir en 1731 avec sa femme Marie Anne Gaillard et son fils unique Chrysostome alors âgé de 11 ans.

Ce Jean Chrysostome Larcher, plus tard Comte de la Touraille, aide de camp du Prince de Condé, mestre de camp de cavalerie, membre de plusieurs société littéraires, est une figure intéressante pour le pays entier, et spécialement pour les châtelains de la Touraille qui vivent où il a vécu; arrêtons-nous donc un instant à l'étudier.

[8]  

Le Comte de la Touraille

Soldat philosophe et poète

Au XVIIIe siècle

Etude biographique et littéraire”

-

Jean Chrysostome Larcher, qui devait être connu plus tard sous le nom de “Cte de la Touraille” naquit le 5 avril 1720 au Château du Bois du Loup en la paroisse d’Augan près de Ploërmel. Il était le fils d'Isidore Larcher, sr du Bois du Loup, de Choysel de la Vallée, chef de nom et d'armes, ancien brigadier de dragons, démissionnaire en 1715 après avoir fait toutes les campagnes du règne de Louis XIV, et de Marie Anne Goullard Dlle de la Noë et du Bignon, en Ploërmel, dont la famille est actuellement représentée par les Gaillards de Kerbertin.

La famille Larcher est d'origine bretonne et de très ancienne noblesse d'épée, elle servit toujours avec fidélité et distinction les Ducs de Bretagne, puis les Rois de France.

[9]  On trouve, dès 1167, un Perrot Larcher, chevalier et capitaine de cent hommes d'armes, sous le Duc de Bretagne Conan IV. Olivier Larcher se croisa en 1248. Jean et Anicé Larcher furent abbés de la Chaume en 1391 et en 1402. Jean Larcher, Sr de la Vieille-Villé en Campénéac était Bouteiller du Duc en 1409 et son lieutenant criminel en 1437. Olivier Larcher, Sr de la Souche Larcher, en Campanéac reçut en 1500 le titre de Comte du roi Louis XII, en reconnaissance des services rendus à la couronne par lui et par ses prédécesseurs. Jean-François Larcher, chevalier, Sr du Bois du Loup, grand-père de Chrysostome fut colonel de dragons et périt à la bataille de Villa Viciale en 1710. Cette noble maison est encore actuellement représentée. Chrysostome Larcher descendait par les femmes des nobles maison de Belloüan, du Boisglé le Prestre, de Rosmordrac, Riou de Brambuan, il était parent des Jocet Bonin, Freslon Langan, Poitevin, Montlouis, Couësplan, de Lezenet,  Le Douarain, Coëtlogon-Queheon [?] etc

[10] Les Larcher portaient pour armes “de gueules à trois flèches empennées d'argent, les pointes en bas”, tr????ées d'une couronne de comte, supportées par deux archers et avec la devise “Le coup n’en fault”.

En 1732, Chrisostome fut envoyé à Rennes pour y co????er au collège de cette ville tenu alors par les Pères Jésuites (le collège était situé où se trouve actuellement le lycée)

Son éducation commencée par un précepteur “l'abbé M. avait l'emploi de précepteur, dit-il, dans la maison de mon père, ne m’apprenait rien du tout”.

Il y fut connu sous le nom du “petit du Bois du Loup”, et il y reste jusqu'en 1738. Il revient alors habiter la Touraille.

Ce fut pendant ce séjour qu'il vécut ce roman que nous raconte Mr de La Borderie dans le charmant croquis qu'il a fait du Cte de la Touraille “Le château de Lémo et celui de la Touraille sont bien voisins, distants à peine d'un kilomètre, et ils ont toujours été [11] encore plus rapprochés par la parenté et par l'affection de leurs habitants. Chrisostome allait souvent rendre service et visite à son oncle et à sa tante Le Doüarain de Lémo. Si souvent qu'il s’éprit d'une de ses cousines Jeanne Le Doüarain, presque de même âge que lui, ils faisaient à peine à eux deux quarante ans. Cette “idylle au bord de l'Oyon, ayant comme épisode le premier baiser de l'amour”, échangé sous le vieux chêne de Lémo, révéré des bois d'alentour”, se termine par le mariage des jeunes amoureux le 14 juillet 1739. Il furent unis et heureux pendant trois ans, mais le malheur trouve le chemin de leur petit nid de la Touraille.

Madame Jeanne Larcher mourut le 18 mai 1742 donnant le jour à son troisième enfant.

Le rêve était fini par ce cruel réveil, et Chrysostome en face de la triste réalité de la vie, dut songer à son avenir et à celui de ses enfants.

Se servant de ses relations et de celles de sa famille, il parvint grâce à l'influence du Duc de [12] Rohan, à entrer en 1748, à l'âge de 29 ans dans la maison de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, dont il devint l’aide de camp puis l’ami et le compagnon inséparable.

La Touraille demeure alors à Paris et à Chantilly, près du Prince de Condé, mais il continue à entretenir des relations épistolaires fréquentes avec le châtelain d’Augan. Il fut bientôt rappelé à la Touraille, pour assister aux derniers moments de sa mère qui mourut âgée de 62 ans le 12 sept. 1751 et qui fut inhumée le surlendemain dans le chœur de l'église d’Augan en une des tombes de l’enfeu de Lémo.

Chrysostome fit part de cette perte douloureuse à son protecteur le duc de Rohan, “qui pourrait jamais, lui écrit-il, remplacer dans le cours de la vie une bonne Mère!” “Elle était presque morte que sa tendresse pour moi vivait encore... Sans vous aujourd'hui M. le Duc, je me croirais seul sur la terre.”

Le duc lui répondit légèrement, lui disant: [13]de revenir à Paris, où le temps et les plaisirs de la capitale lui feraient vite tout oublier” et l'autorisant “s'il avait besoin d'argent à en puiser dans la caisse de son intendant.”

Non, M. le Duc, riposte la Touraille, un oubli semblable serait le procédé d'un ingrat, et jamais mon cœur ne m'a permis de l’être. Est-ce que les ducs et pairs dédaignent ces regrets naturels au village, peut-être surannés et ridicules à la Cour! Quant aux plaisirs ma fantaisie même n’admettra jamais que des plaisirs aussi honnêtes qu’irréprochables. Cette fierté pudique me rendra peut-être encore plus digne de votre estime... Je n'irai pas, comme vous voulez bien m’y convier, emprunter de l'argent du Receveur Général de votre Duché. Comment en aurait-il pour moi, lui qui n'en a pas le plus souvent pour vous.”

Quatre ans plus tard, la Touraille avait la douleur de perdre son père, qui mourut également à la Touraille, le 28 janvier 1755 âgé de 77 ans et qui fut inhumé près de [14] sa femme dans l'église d’Augan, dans l’enfeu de Lémo.

Chrysostome n'était plus attaché au pays d’Augan que par le des tombes; veuf et orphelin à 34 ans, il quitta la Touraille et revint à Paris.

Aux côtés du Prince de Condé, il prit une part glorieuses à tous les combats de la guerre de Sept Ans de 1756 à 1763. À la bataille d'Hastenbeck le 26 juillet 1757, où le Prince de Condé veut intrépidement son baptême du feu, le Cte de la Touraille chargé de modérer son impétuosité s'approche de lui et le supplie de s'éloigner de quelques pas afin de ne pas être autant exposé aux boulets de l'ennemi “mais, s'écria le jeune Prince en souriant je ne vois pas toutes ces précautions dans l'histoire du grand Condé.

Dans une lettre que la Touraille écrivit à Mr de Porcaro en 1764 pour lui apprendre la mort du Marquis de Bréhand, il remarque que cette victoire d’Hastenbeck, qui décida [15] de la conquête du Hanovre ne fut gagnée que grâce à la charge intrépide d’un régiment de grenadiers, à la tête duquel marchait encore un breton: le marquis de Bréhand, fils d'Hippolyte Comte  de Plélo, qui défendit si glorieusement la ville de Dantzig, où il fut tué en 1734 au retour d'une sortie victorieuse.

Le Comte de la Touraille assista également au combat de Lutzelberg le 10 octobre 1758, à celui de Minden le 1er août 1759 où il fut grièvement blessé; au siège de Méppen [?] en 1761 à la bataille de Groningen [?] le 30 août 1762 et à celle de Johannisberg [?] le 2 septembre 1762 la paix de Paris mis fin à cette guerre le 10 février 1763 le trouva “capitaine des gardes, aide de camp de S.A..R. le Prince de Condé et chevalier de Saint-Louis; elle le ramena à Chantilly avec son maître. Le Comte de la Touraille n'avait plus alors beaucoup de liens directs qui le rattachaient au pays d’Augan. Ses enfants avaient grandi et s'était dispersés. L'aînée Isidore-François, né à la Touraille [16] le 24 avril 1761, lieutenant de vaisseau et chevalier de St Louis était sur mer. Sa fille Mlle Françoise-Émilie, née à Lémo le 27 avril 1742 et dont la naissance avait coûté la vie à sa mère, avait été admise à la maison royale de St Cyr en 1754 et était morte à Paris peu de temps après. Le Compte de la Touraille avait lui-même épousé en 2e noces à Paris le 6 février 1759 Marguerite Louise Patiot, fille de J.B. Patiot, ancien trésorier des armées du Roi et de Anne Larminat,. Aussi, en 1765, gêné par des embarras d'argent il se décida à céder les droits, au Bois du Loup aux enfants de sa tante Jeanne Mse Larcher, dame de Lourgan, morte à Rennes le 1er février 1764 et à vendre sa terre de la Touraille à son beau-frère Pierre Noël Gabriel Le Doüarain, moyennant la somme de 16.000 livres. Mais il a soin de stipuler dans l'acte de vente qu’il se réserve le droit, pour lui et ses successeurs, de porter le titre de cette seigneurie. Et l’une des [17] clauses du contrat est que Mr Le Doüarain s'engage à restaurer immédiatement la maison de la Touraille et à la mettre en parfait état. Malgré ces précautions, il semble avoir regretté souvent cette décision, car ses lettres sont plein de souvenirs et de l'affection qu'il gardait à son pays natal. Après cette vente, il se rendit à Brest où l'appelaient ses fonctions de “directeur en chef des fortifications de Bretagne”. Place qu'il occupa depuis 1764 à 1767. Ce fut surtout que le Cte de la Touraille se lie à l'hôtel Condé avec les philosophes de cette époque tels que Voltaire, Diderot, d'Alembert, Duclos Rousseau… etc

Philosophe, un peu par nécessité

par nature, et beaucoup par nécessité”

Il revint à Augan en 1773, pour assister au mariage au château de la Villefief, de son fils Joseph Chrysostome avec Perrine de la Fresnais. Il était alors âgé de 54 ans. À Paris où il demeura en 1780 il continua à s'occuper de philosophie et de littérature.

[18]  Arrêté à Gueiretrange [?] à la fin de 1793 il était parvenu à s'évader ou à se faire gracier et il s'était réfugié rue de Bourgogne à Paris. Ce fut là qu'il fut arrêté de nouveau, condamné par le tribunal révolutionnaire et guillotiné sur la place Louis XV le 9 thermidor an II (juillet 1794). Le lendemain avait lieu l'exécution de Robespierre et de ses complices.

Le Comte de la Touraille avait 74 ans. À la nouvelle de sa mort sa femme périt de douleur.


 

Nous avons dit que le Comte Larcher de la Touraille avait vendu en 1765 la Touraille à son beau-frère Le Doüarain. À la suite de ces acquit il fit des réparations considérables au château puis il donna sa démission. Il épousa en 1770 Mlle Louvait de Pontigay. Mr et Mme Le Doüarain demeurèrent à la Touraille où naquirent leurs trois filles 1772 1773 1777 la seigneurie de composait donc alors du château et dépendances, verger réserve… etc contenant 6 hectares.

La métairie de la Porte - 31 hectares

La métairie des Marchix - 23 hect. Remarquons que la pièce dite du “Nord-ouest” dépendait autrefois des Marchix. Elle fut plantée en partie en 1760, mais le sol était mauvais. Il planta cependant en 1828 le bas de ce terrain en chênes et hêtres formant avenue et qui furent abattus en 1875 et 1888. Le bois et l'avenue furent replantés par le Comte de Bellevüe en 1889 et 1891.

La métairie de la Tyeulais, 21 hectares soit au total un total de 91 hectares.

Mr Le Doüarain mourut à son château de la Touraille en 1799. Sa veuve alors va se fixer à Ploërmel avec ses filles, affermant la Touraille avec la retenue et les métairies ci-dessus à Mr Nozay époux de Anne de la Motte du Portal, parent des Pontigay.

Puis, le 11 juillet 1820 ces dames se décidèrent à vendre la seigneurie de la Touraille, avec ses fermes et dépendances à leur cousin Jacques Le Doüarain de Lémo, moyennant une rente [20] de 3000 l. Et le paiement des dettes existantes. Après cette vente elles habitèrent à la Tremblais en Monteneuf sur la route de Réminiac. Ce fut là que Mme Le Doüarain mourut en 1823. Ses filles se séparèrent, l'une resta à la Tremblais, la seconde demeura à Guer, la troisième se fixa à Malestroit. Aucune d'elles ne s'était mariée.

Le nouveau propriétaire Jacques Le Doüarain de Lémo était alors âgé de 47 ans, il avait pris une part active à toutes les guerres de la chouannerie, il était colonel de la 7e région territoriale, conseiller général du Morbihan, maire d’Augan, chevalier de St Louis et du lys. Il avait épousé en 1798 sa cousine Aglaé Desgrées du Loû qui était morte en 1800 à Vannes ne laissant qu'une fille Aglaé qui demeurait à Lémo avec son père et ses tantes.

Mr Le Doüarain continua à demeurer à Lémo mais il fit des réparations et améliorations considérables à la Touraille. Il mourut en 1832.

 [21] Sa fille avait épousé en 1824 le comte Charlemagne Mouësan de la Villirouët, fils de Jean Baptiste Mathurins, chevalier, Cte de la Villirouët et de Marie Victoire de Lambilly. À la mort de Mr Le Doüarain le Cte et la Ctesse de la Villirouët héritèrent de la Touraille, des métairies de la Porte, des Marchix, de Pommereau, du Charbon, du Binio, de la Bessardais  et de la Ville Jagu. Ils vinrent peu après se fixer à la Touraille avec leurs trois enfants: Maria, âgée de 8 ans, Aglaé, 5 ans et Paul âgé de 3 ans.

La famille de la Villirouët habita alternativement la Touraille, Rennes et Lamballe, puis après avoir vendu leur hôtel de Lamballe ils passèrent la moitié de l'année à Rennes, et l'autre moitié à la Touraille.

Le Cte de la Villirouët fit faire à ce château des réparations considérables. Il fit construire à l'est l’aile où se trouve actuellement le salon, au nord le pavillon qui contient la cuisine l'escalier et l’office. Il mit enfin ce château à peu près dans l'état où nous [22] le voyons aujourd’hui.

Les dépendances occupent la même place qu'autrefois et sont à peu près distribuées de la même manière, mais le vieux pigeonnier et le portail ont disparu, et un poulailler, une étable, un refuge à porc et un four ont été bâtis ensuite.

Le jardin est toujours au même endroit et suivi vers l'est du verger, mais une assez grande partie a été convertie en parc.

Le bois s'est augmenté de tout le terrain au nord de la maison, partie qui comprend environ deux journaux et qui fut planté par Monsieur Le Doüarain vers 1822.

La chapelle n'existe plus, elle semble avoir été détruite au moment de la révolution.

Le Comte de la Villirouët avait donc eu trois enfants qui lui survécurent.

  1. Marie Joséphine Jeanne née à Rennes le 27 février 1825 qui mourut fille à Rennes le 2 décembre 1889 âgée de 64 ans, après une vie toute de bonnes œuvres et de vertus, et laissant [23] une réputation universelle de sainteté.

  2. Aglaé Marie Victoire Pauline née à Rennes le 6 janvier 1827 elle y a épousé dans l'église Saint-Sauveur le 28 avril 1852 Mr Édouard Jean de Fournier de Bellevüe né le 5 février 1821, et qui mourut en 1869 âgé de 92 ans [???] (il avait épousé Dlle Louise Blaise de Maison-neuve.) Après leur mariage Mr et Mme de Bellevüe habitèrent avec le Cte et la Ctesse de Villirouët puis en 1876 ils sont venus se fixer définitivement au château de la Touraille.

  3. Paul Marie Joseph, né à Rennes le 25 janvier 1829, il fit ses études au collège des P. Eudistes de Redon, il épousa 1) le 9 novembre 1853 Melle Angèle de Baglion de la Dufferie, fille du Cte de Baglion et de Melle de Sarré, qui mourut le 15 novembre 1854, laissant une fille Angèle Mouësan de la Villirouët qui a épousé à Lémo le 6 juillet 1886 son cousin Henri de Baglion, sans postérité.

2) Delle Anne-Marie de la Rüe du Can, fille de M. de la Rüe du Can et de Antoinette Espivent [24] de Perran. Elle mourut à la Touraille le 17 juillet 1865 laissant deux filles: Anne-Marie et Jeanne.

En 1867 après la bataille de Montana Mr Paul de la Villirouët, entraîné par son dévouement au St Siège et à l'Eglise, partit pour Rome et s'engagea comme zouave Pontifical; il y resta un an. Il vint alors habiter près de ses parents et avec ses filles. Il devient maire d’Augan depuis 1871 et demeura au château de Lémo. Le Cte Charlemagne de la Villirouët avait hérité de son père en 1845, de ses sœur en 1869 et en 1875, de sa tante Melle Le Doüarain de Lémo en 1872. Il laissait une fortune territoriale considérable qui fut partagée entre ses trois enfants, puis après la mort de Melle Marie de la Villirouët, ces lots furent réduits à deux savoir:

Le Comte Paul de la Villirouët eut comme lot

Le château de Lémo et retenue

[25]

Les métairies:

{en Augan et Campénéac}

De la Porte de Lémo,

De la Petite Roche,

De Charbon,

De la Robine,

De la Bossardais,

De Binio,

{près de Lamballe}

De la Ville Chevalier,

De la Ville morain

Du Peillac

Des Abbayes en St Etienne de Montluc

{près de Locminé}

De Bermedec,

De Kervéhel

Le Comte de Bellevüe eut pour sa part:

Le château de la Touraille, et retenue,

Les métairies

De la Porte de la Touraille,

{en Augan et Campénéac}

De Codüan,

Les Marchix

La Ville Jegu

De la Marre,

[26]

La métairie de Quistime près de Locminé,

De la Renaudaye - St Etienne de Montluc

Des prairies de Monthan [?] près de Matignon.

-

Héritiers de la Touraille, après la mort du Cte de la Villirouët le 26 juillet 1874, le Cte et la Ctesse de Bellevüe vinrent s’y fixer avec leurs 5 enfants.

Xavier, Vt de Bellevue né à la Touraille le 4 juillet 1854, élève au Collège St Vincent à Rennes. Sous-lieutenant au 25e Reg de Dragons, démissionnaire lors de son mariage à Rennes le 18 juin 1883 avec Melle Gabrielle Regnault de Bouttemond, plus tard capitaine au XI Dragons territoriaux, depuis 1887.

Marie: née à la Touraille le 6 janvier 1856 religieuse augustine à St Yves de Rennes sous le nom de Anne de Jésus, depuis 1884

Joseph né à la Touraille en 1858 mort à Nantes en 1881,

Jean né à la Touraille le 8 avril 1861, prêtre en 1884. Professeur au Grand Séminaire de Vannes depuis 1887.

[27]

Claire née à la Touraille le 5 août 1865, elle y demeure aujourd'hui (1893) avec ses parents.

 

Le Cte et la Comtesse de Bellevüe on fait la Touraille beaucoup de réparations et embellissements, tant à la maison elle-même qu'à l’extérieur, dessinant à nouveau le parc et l'augmentant vers le sud. Ils ont aussi achevés de démolir en 1892 les restes de l'ancienne ferme et rebâti une étable et une grange dans le prolongement ouest des bâtiments de la nouvelle métairie de la porte de la Touraille.

Voici les noms de quelques fermiers de la métairie

Pierre Geoffroy - 1797-1909

Pierre Pelart - 1790-1801

Brunet

Granvalet - 1852-1860

Commaniaux

Garel

Julien Michel

[28]

Chapelle de la Touraille

-

1) Ancienne chapelle: elle était située à l'extrémité Est du bois, où se trouve actuellement la grille qui le ferme du côté de Lémo. Elle était sous le patronage de Saint Isidore, patron des laboureurs et existait dès le commencement du XVIIe siècle. Elle était orienté E.O. et avait 24 pieds ½ de long sur 14 pieds de large. Elle semble avoir été détruite vers la fin du siècle dernier. Un portail en pierre fut élevé sur ses ruines et fut surmonté de la statue de son ancien patron St Isidore. Puis, cette statue ayant été détruite, le Comte de la Villirouët  la remplaça par une autre statuette vers 1850. Cette statue en bois peint avait environ 0m60 de haut et représentait également St Isidore. Elle était l'objet d'un pèlerinage assez suivi car on prétendait qu’on obtenait par son intercession la guérison des bestiaux.

[29] Vers 1865, le Comte de la Villiroüet, sur le conseil du recteur d’Augan, Mr Collet, qui blâmait ces pèlerinages, y voyant de la superstition, fit détruire le peu qui restait de l'ancienne chapelle et rentra la statue du saint à la Touraille où elle est actuellement. (d'abord dans la serre du jardin, puis dans la bibliothèque)

Nouvelle chapelle: en 1885, le Cte de Bellevüe obtint de l'évêque de Vannes l'autorisation d'ériger un oratoire dans son château de la Touraille. Il est situé au 1er étage au-dessus du vestibule; il est sous le patronage de Ste Anne dont la statue domine l'autel.

Cet oratoire bien entretenu muni de tous les ornements et de tous les accessoires nécessaires au culte. On y célèbre assez souvent la messe.

-

(Tiré du livre “Augan, histoires et seigneuries” du Vte Xavier Fournier de Bellevüe)

La Touraille
La Touraille

La Touraille

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article